Téléfilm sur Arte à 20 h 55

Les pieds dans le tapis - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31

Avec « Les Pieds dans le tapis », le réalisateur franco-iranien tourne en dérision les relations franco-iraniennes.

Morteza (Babak Hamidian), le fils d’un grand marchand de tapis persans de Téhéran, apprend que son père vient de mourir d’une crise cardiaque, non pas en Corée, où il était supposé suivre une cure de bains de boue, mais en France, à… Brive-la-Gaillarde.

Il s’envole avec sa mère pour la France, se familiarise avec les tracasseries administratives du pays, les usages d’une petite ville de province (où le maire marie tout de même avec enthousiasme un couple de même sexe) et se confronte aux lois de l’embargo qui l’empêchent de faire rapatrier le corps du défunt. A cela s’ajoute la découverte d’une autre vie du pater familias, inconnue de sa progéniture et de son épouse.

Parvaneh Farshtchi (Golab Adineh) et Aurore (Aurélia Petit), quand la Téhéranienne rencontre la Briviste. | © Florent Travia

Les Pieds dans le tapis, le bien nommé téléfilm de Nader Takmil Homayoun, est une jolie satire des relations franco-iraniennes et de l’idée que se font les Français d’un pays que les lois religieuses font souvent paraître comme un territoire uniment réactionnaire et moyenâgeux. Mais, comme dans les épisodes en cours de la série « Le Bureau des légendes », sur Canal+, on y découvre des Iraniens aisés et éduqués, roulant dans des 4 × 4 rutilants, utilisant les dernières applications de la communication sans fil et qui acceptent le mariage, non arrangé, entre une jeune fille et un garçon dont la vocation est de devenir danseur de ballet contemporain à l’étranger.

Traductrice chinoise

La mère de famille, Parvaneh Far­shtchi (jouée par l’excellente Golab Adineh), est elle-même très éduquée et parle le français. Alors qu’elle converse avec les habitants de Brive-la-Gaillarde pendant l’enquête qu’elle mène sur place afin de comprendre les raisons de la présence de son mari dans cette petite ville très exotique à ses yeux, elle reproche à son fils, qui ne comprend rien aux échanges, de ne pas avoir appris le français.

Le fils finit par trouver sur place une traductrice – mais elle est chinoise. Car Morteza, qui fait depuis longtemps affaire avec la Chine, parle le mandarin et le cantonais… Ce jeu des langues et des générations rappelle avec une certaine insolence que, décidément, le français n’est plus la langue de référence de l’élite internationale…

« Les Pieds dans le tapis », de Nader Takmil Homayoun : d’un marché persan à celui de Brive-la-Gaillarde. | © ARTE/ Ahmad Aghasiani

Le téléfilm n’est pas d’une singularité frappante, car cette nouvelle Lettre persane est un lieu commun souvent emprunté par la littérature – Peter Mayle confronté aux tropismes de la Provence – et le cinéma – l’Américain de I Want to Go Home (1989), d’Alain Resnais, perdu dans une France dont il ne comprend ni les usages ni la langue… Mais la variation proposée par Nader Takmil Homayoun est finement divertissante.

On regrettera l’invasion d’images électroniques incrustées chaque fois qu’un message concernant la pollution est donné au conducteur par le système de bord d’une voiture, qu’un personnage écrit un SMS ou converse avec d’autres en vidéoconférence. Cet avatar du fameux « écran divisé », accompagné de ses signaux sonores, lasse un peu à la longue.

Cependant, Nader Takmil ­Homayoun semble se jouer du procédé quand, à la fin du film, il fait décoller le sigle de l’avion dessiné sur le panneau indicateur de l’aéroport.

On avisera le téléspectateur de bien regarder Les Pieds dans le ­tapis jusqu’à la fin, générique compris, car un amusant post-scriptum lui est réservé.

Les Pieds dans le tapis, de Nader Takmil Homayoun. Avec Golab Adineh, Babak Hamidian (Fr., 2015, 91 min). Le vendredi 27 mai à 20 h 55 sur Arte. Rediffusion le dimanche 29 mai à 9 h 35 et le samedi 4 juin à 2 h 05.