Pour faire médecine ou intégrer des écoles d’art, certains étudiants partent en Belgique ou Roumanie, où la sélection est moins sévère. | Wikimédia

« Après deux échecs en première année de médecine, j’ai décidé d’aller étudier en Roumanie », dit Solène Noret, 24 ans, qui ne voulait pas envisager d’autre carrière. La jeune Française suit actuellement sa quatrième année de médecine générale à l’université de Cluj-Napoca, à 450 km au nord-ouest de Bucarest. Comme elle, de plus en plus d’étudiants français optent pour des formations dispensées en français en Roumanie, en Croatie, en Espagne ou encore au Portugal, afin de se donner une dernière chance de réaliser leur vocation.

Des études au coût élevé

Le contournement de la sélection française est tentant : en 2005, une directive européenne a instauré la ­reconnaissance automatique d’une liste de diplômes en médecine. S’ils présentent une « attestation de conformité », les titulaires d’un de ces ­diplômes peuvent désormais exercer où ils le souhaitent dans l’Union européenne.

Dans ces pays prisés, loin d’être des eldorados, le coût des études est souvent élevé. Les frais de scolarité à l’université de Cluj s’élèvent à 5 000 euros l’année. Il faut donc compter 30 000 euros pour venir à bout des six années de formation. Y entrer n’est pas non plus un jeu d’enfant. A la rentrée 2015, seulement 30 % des 330 Français qui ont postulé à Cluj ont été admis en médecine générale. Les étudiants peuvent toutefois augmenter leurs chances d’être admis dans le domaine de leur choix en multipliant les candidatures à ­travers l’Europe.

En 2005, une directive européenne a instauré la reconnaissance automatique de certains diplômes en médecine

Les écoles supérieures d’art belges, très courues également, ont accueilli, à la rentrée 2014, plus d’un tiers d’étudiants français (34,4 %), contre 21 % dix ans auparavant. Certains cursus réputés comptent jusqu’à 50 % de Français. C’est le cas de la spécialité BD de l’Ecole supérieure d’arts (ESA) Saint-Luc à Bruxelles, l’établissement dans lequel se sont formés le caricaturiste Plantu et le créateur de Gaston Lagaffe, André Franquin.

Marc Streker, directeur de l’école, y voit plusieurs explications : « Un coût des études très raisonnable – entre 700 et 760 euros l’année – et une sélection moins drastique qu’en France. » Trois candidats sur quatre sont admis dans cet établissement après un écrit, un entretien et une épreuve de création.

Un meilleur taux d’admission

Tout aussi réputé, l’Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion de Bruxelles (Insas) forme des professionnels du cinéma et du théâtre. Parmi les anciens élèves, on trouve notamment l’acteur Charles Berling. Là encore, les Français représentaient un tiers des 62 admis en 2015, et près des deux tiers en 2014. L’école accepte un ­candidat sur dix à l’issue d’un concours, soit un taux d’admission plus élevé que ceux des deux écoles de ­cinéma françaises les plus réputées, la Femis et Louis-Lumière, qui s’élevaient ­respectivement à 5 % et 8 % à la rentrée 2015.

La Belgique francophone a déjà instauré des quotas et des tirages au sort en médecine pour limiter ­l’afflux d’étudiants non résidents, principalement français. « Pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour dans les ­écoles d’art. Mais si à l’avenir nous devons exclure trop d’étudiants belges, ­peut-être que nous serons obligés ­d’instaurer des quotas », avertit Marc Streker.

Le directeur de l’ESA Saint-Luc évalue à 50 % le nombre de diplômés français qui reviennent travailler en France à la fin de leur formation. De son côté, Solène Noret, a déjà prévu son retour. Elle confie s’être « engagée à travailler pendant cinq ans dans le département de la Sarthe », après son internat en médecine, en échange d’une bourse. Ceux de ses collègues diplômés qui veulent faire une spécialité en France devront d’abord passer l’examen classant national (ECN). Une sélection de nouveau sévère…