Heureux clients de Carrefour, des Caisses d’épargne, des Banques populaires ou d’Orange, votre vie sera bientôt grandement facilitée. Plus besoin de sortir votre portefeuille et d’en extraire la carte pour régler vos achats. Présenter votre iPhone devant le lecteur suffira. Ces entreprises ont annoncé, lundi 13 juin, l’adoption du système de paiement Apple Pay. Intérêt pour le client : plus de code à rentrer et une transaction supposée hautement sécurisée. Le numéro de carte de crédit n’est pas enregistré et une reconnaissance d’empreinte digitale certifiera l’identité du payeur.

Calcul raisonné

Après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, le paiement mobile s’installe en France. A côté du pionnier PayPal, les nouveaux acteurs pullulent. Apple, Google, Samsung et bien d’autres se sont lancés dans la course. Suivant un scénario déjà écrit et validé dans le voyage, les transports, le commerce, la musique ou l’information, les grandes plates-formes Internet, dont les fameux Google, Apple, Facebook et Amazon – les GAFA –, se trouvent un nouveau terrain de jeu. On connaît déjà les prochains sur la liste : la santé, l’éducation, l’assurance…

La finance est un champ immense, mais compliqué. Au cœur de l’économie de marché, les banques sont les entreprises les plus régulées au monde. Et la crise de 2008 a conduit les Etats à renforcer encore leur contrôle. Pas question donc d’attaquer ce métier de front. Qu’importe. Ce n’est pas tant le métier de base du banquier – gestion des flux, crédits, placements – qui intéresse les géants de l’Internet, mais la relation avec le client final.

Deux clients à la fois

Dans cette nouvelle économie numérique, les plates-formes servent deux clients à la fois. Le consommateur, qui ne paye rien mais fourni ses données privées, et les professionnels, qui sont prêts à payer pour l’usage de ces mêmes données, sous forme de publicité ou d’autres services. C’est la même logique à l’œuvre dans l’acquisition par Microsoft de LinkedIn, le réseau social professionnel aux 433 millions de clients. Dans le cas du paiement, Apple prélève une part substantielle des commissions dues aux banques par les commerçants. Le groupe BPCE, comme avant lui les grandes banques américaines, britanniques ou australiennes, fait un calcul raisonné. Comme le loup entrera de toute façon dans la bergerie, autant être celui qui ouvre la porte, pour en tirer des bénéfices, notamment en termes de nouveaux clients.

Et puis rien n’interdit ensuite de tenter de reprendre la main, en déployant ses propres solutions. C’est ce qu’a fait JPMorgan Chase, la première banque américaine, qui, un an après avoir signé un accord avec Apple, a lancé sa propre application et conquis de nombreux commerçants. Car la lutte ne fait que commencer, et les GAFA, supérieurs technologiquement, ne possèdent ni la réputation, ni le réseau des banques. Si le scénario est connu, l’histoire, elle, n’est jamais écrite à l’avance.