La conférence de presse avait été convoquée mardi 31 mai à la Trump Tower, à New York, pour annoncer une bonne nouvelle : le montant de la somme collectée il y a quatre mois par le futur candidat républicain Donald Trump au profit des anciens combattants. Elle a pourtant donné lieu à une violente passe d’armes entre le candidat et les journalistes qui le pressaient de questions sur ce point depuis quelques semaines.

Le 28 janvier, M. Trump avait boudé le débat télévisé organisé par la chaîne conservatrice Fox News, manifestement mécontent de la présence parmi les animateurs de la journaliste Megyn Kelly avec laquelle il s’était accroché au cours des mois précédents. Le magnat de l’immobilier ne s’était pas contenté de ce geste d’humeur puisqu’il avait monté de toutes pièces une collecte de fonds pour les anciens combattants ouverte à la presse pour tenter de rivaliser avec le débat. M. Trump avait assuré avoir reçu des promesses de dons d’un montant total de 6 millions, dont un versé par ses propres soins.

Près de quatre mois plus tard, sollicité par la presse, notamment le journaliste du Washington Post David Fahrenthold, pour savoir combien d’argent avait été en fin de compte réellement collecté, et au profit de quelles organisations, M. Trump a décidé de répondre publiquement : une somme proche des 6 millions et son don a bien été versé (manifestement fin mai). Mais il a surtout stigmatisé les journalistes pour leurs questions. « La presse devrait avoir honte », a tonné M. Trump, « au lieu de dire : merci M. Trump, ou Trump a fait du bon boulot, vous n’avez cessé de demander qui a eu quoi ? qui a reçu quoi ? ».

« Je continuerai d’attaquer la presse »

Le milliardaire a expliqué l’absence d’informations données après la collecte par un souci de discrétion. « Je voulais que cela reste privé », a-t-il assuré. Il n’a pas manqué d’insulter un journaliste de la chaîne ABC, Tom Llamas, qualifié de « vicieux, parce qu’il connaît les faits », et répondu à un autre de CNN, Jim Acosta, avec le même mépris que ce dernier avait rencontré lorsqu’il avait questionné Raul Castro à La Havane, à l’occasion de la visite du président Barack Obama, à propos de l’existence de prisonniers politiques à Cuba.

« La presse politique est composée des pires personnes que je n’ai jamais rencontrées », a poursuivi M. Trump. Quelle serait son attitude s’il était élu à la Maison Blanche ? « Je continuerai d’attaquer la presse », a-t-il promis, car « elle est incroyablement malhonnête ». Ces déclarations virulentes ne surprendront personne. Un petit chapitre de quatre pages de son livre Crippled America, publié en novembre, résume la piètre estime dans laquelle il tient ceux qui couvrent sa campagne électorale. M. Trump a d’ailleurs pris l’habitude, lors de ses réunions publiques, de prendre à partie les journalistes parqués derrière des barrières métalliques, pour la plus grande joie de l’assistance.

Le fait d’être certain, depuis le 26 mai, d’obtenir l’investiture républicaine pour la présidentielle du 8 novembre n’a pas modifié son comportement alors que cette certitude l’expose à une curiosité plus grande encore. M. Trump considère que l’image négative qui colle aux médias américains lui permet de les stigmatiser sans risques. Le baromètre de Gallup montrait en septembre 2015 que seulement 40 % des Américains ont confiance dans les médias, un chiffre historiquement bas (encore plus faible pour les 18-49 ans). Le magnat de l’immobilier a compris que dans ce rapport de forces, ses intentions de vote, ses chiffres d’audience, puis ses victoires n’ont cessé de lui donner l’avantage.