Un nouveau scandale de dopage dans l’athlétisme ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer avec certitude, mais le quotidien espagnol El Pais, sur son site Internet, fait état d’une importante descente de policiers, lundi 20 juin au matin dans un hôtel de Sabadell, en Catalogne, qui pourrait bouleverser le paysage du demi-fond mondial. Une information confirmée à l’Agence France-Presse par plusieurs sources proches de l’enquête.

Visé par cette descente : le groupe d’entraînement de Jama Aden. Ce Somalien est le coach de plusieurs dizaines d’athlètes de renommée internationale, à l’image de l’Ethiopienne Genzebe Dibaba, détentrice, entre autres, du record du monde du 1 500 m en plein air. En 2015, Dibaba a été élue athlète de l’année par l’IAAF, la fédération internationale d’athlétisme.

Selon El Pais, « l’opération policière était mise en marche depuis des semaines, en collaboration avec l’agence antidopage espagnole (AEPSAD) qui a alerté les policiers catalans concernant leurs suspicions ». L’entraîneur et l’un de ses physiothérapeutes, de nationalité marocaine, ont été arrêtés à l’hôtel Arrahona. Six athlètes au moins auraient été soumis à des contrôles antidopage et des chambres ont été fouillées, à la recherche de produits dopants. De l’EPO aurait été trouvée, selon le quotidien espagnol qui s’appuie sur des sources proches de l’enquête.

Champions multimédaillés

Jama Aden avait l’habitude d’installer son groupe d’entraînement dans cet hôtel, très proche du stade Josep-Molins, où les athlètes effectuaient plusieurs séances quotidiennes. En ce mois de juin, la crème du demi-fond mondial y suait autour de la piste. Aux côtés de Genzebe Dibaba – très discrète en ce début de saison athlétique puisqu’elle a déclaré forfait à plusieurs meetings de Diamond League –, on retrouvait parmi les meilleurs spécialistes masculins, entre autres, le Djiboutien Ayanleh Souleiman, médaillé de bronze des Mondiaux de Moscou sur 800 m en 2013, ou encore le Soudanais Abubaker Kaki, vice-champion du monde à Daegu en 2011 et finaliste aux Jeux de Londres.

Ancien coureur de haut niveau, Jama Aden, 53 ans, s’est constitué, ces dernières années, une prestigieuse écurie de champions multimédaillés. Avec des résultats parfois stupéfiants, comme ce 17 février, où trois de ses athlètes réussirent, lors du même meeting, à battre trois records du monde. Ce soir-là, Genzebe Dibaba, déjà détentrice du record du monde en salle du 3 000 m et du 5 000 m en salle, établissait une nouvelle marque de référence sur le mile (1609 m). Quelques minutes auparavant, le Djiboutien Ayanleh Souleiman avait établi un nouveau record sur le 1 000 m, suivi du Qatari Abdelelah Haroun, 19 ans seulement, sur la peu courue distance du 500 m.

La patrouille antidopage surveillait le sulfureux coach

Mais le palmarès impressionnant de Jama Aden est aussi entâché d’épisodes plus sombres. En 2014, la Française Laïla Traby, contrôlée positive à l’EPO, et le Qatari Hamza Driouch, tous deux entraînés par Aden, se sont fait prendre par la patrouille antidopage. Jama Aden avait alors pris ses distances avec eux.

Cela faisait déjà longtemps que les policiers s’intéressaient au sulfureux coach. Selon nos informations, à l’été 2015, des enquêteurs envisageaient de venir à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales), sachant que Genzebe Dibaba et d’autres athlètes du groupe d’Aden avaient prévu de s’y entraîner plusieurs semaines. Mais alors que le logement était réservé, Dibaba avait rebroussé chemin au dernier moment.

Cette nouvelle affaire pourrait s’annoncer désastreuse pour Dibaba, qui était favorite pour les Jeux de Rio, et surtout pour son coach Jama Aden. La loi antidopage espagnole prévoit jusqu’à deux ans de prison pour les personnes qui organisent ou incitent au dopage.