Devant le majestueux hôtel de ville de Leeds où il flâne, Duncan Brownnutt rit franchement : « Je pars à Copenhague pour ne revenir que samedi. J’espère qu’on me laissera encore rentrer dans ce pays si, entre-temps, les gens ont voté pour le Brexit et décidé de fermer les frontières. » Avant de quitter Leeds, où il travaille pour l’opérateur Vodafone, l’homme de 41 ans a pris ses précautions et a préalablement envoyé son bulletin de vote par la poste. Sur le bout de papier, il a coché la case remain (« rester » dans l’Union).

M. Brownnutt est affolé par la teneur de la campagne sur le référendum, qu’il trouve « dangereuse », un adjectif qu’il ne cesse de répéter dès qu’il évoque le camp en faveur du Brexit. Il dit ne pas comprendre que tant de ses concitoyens « se disent prêts à voter pour un projet principalement raciste ». « Tout tourne autour de l’immigration, comme si les étrangers étaient responsables de tous les maux. C’est vrai que le NHS [National Health Service, système de santé publique du Royaume-Uni] est sous pression en ce moment, mais prétendre que c’est à cause des migrants, c’est un pur mensonge », affirme-t-il.

« Aucune confiance »

L’homme craint les conséquences d’une sortie de l’Union européenne sur le système politique britannique. « Je ne veux pas être dirigé par des gens en qui je n’ai aucune confiance », souffle-t-il, avant de proposer un petit jeu de comparaison. « Qui soutient un maintien dans l’Union ? David Cameron, Jeremy Corbyn, Barack Obama, tous les dirigeants européens. Qui soutient un départ ? Boris [Johnson], Nigel Farage, Vladimir Poutine. Franchement, il n’y a pas d’hésitation à avoir », conclut-il, affichant bien le peu de considération qu’il éprouve pour le second groupe.

Cet europhile convaincu reproche à ceux qui font campagne pour quitter l’Union de mentir perpétuellement. « Ils affirment qu’on aura plus de pouvoir si on part, mais ce n’est pas vrai ! Qui peut croire qu’on sera plus puissant tout seul que parmi une alliance de pays ? » Les autorités actuelles « ne sont pas parfaites », mais, « au moins, elles sont réalistes », juge-t-il : « S’il y a un krach à cause du Brexit, chaque citoyen sera affecté. »

En cherchant bien, M. Brownnutt finit par trouver un avantage, mais un seul, à la sortie du Royaume-Uni de l’Europe. Dans les aéroports de l’Union, dit-il, « les files d’attente pour le contrôle des passeports sont toujours moins longues pour les voyageurs non européens, ça peut être pratique ! »