Le président du conseil italien, Matteo Renzi, lors d’une conférence de presse après le premier tour des élections municipales, lundi 6 juin 2016, à Rome. | ALBERTO PIZZOLI / AFP

Ce dimanche 19 juin est un brutal coup de frein dans la trajectoire jusqu’alors ascensionnelle du premier ministre Matteo Renzi, nommé en 2014. Présenté comme un possible modèle pour la gauche sociale-démocrate, il s’est abstenu de faire ouvertement campagne dans les élections municipales, de manière à ne pas indexer son crédit à leurs résultats. Peine perdue : ces 1 300 scrutins sont le reflet de situations locales, mais leur addition constitue bel et bien un signal d’alarme.

Si la défaite du Parti démocrate (PD) qu’il dirige était attendue à Rome, il n’en va pas de même de celle du maire sortant de Turin, Piero Fassino, face à l’autre candidate du Mouvement 5 étoiles (M5S), Chiara Appendino, une entrepreneuse de 31 ans, diplômée de la prestigieuse université d’économie Bocconi de Milan. Les électeurs de Rome la scandaleuse et de Turin la vertueuse ont choisi, pour des raisons différentes, la nouveauté. La capitale, devenue synonyme de corruption, et l’ancien fief du Parti communiste et de la Fiat, synonyme d’une reconversion réussie depuis les Jeux olympiques d’hiver de 2006, ont tourné le dos à une classe politique jugée incapable ou vieillissante.

Alliance tactique de l’opposition

Seule consolation pour le chef du gouvernement, la gauche conserve Milan, grâce au profil consensuel de son candidat, Giuseppe Sala, ancien commissaire de l’Expo 2015, ainsi que Bologne. Naples, elle, était déjà perdue depuis le premier tour au profit du maire sortant, l’inclassable ancien magistrat Luigi De Magistris, puisque le candidat du PD n’avait pu accéder au second tour.

Le Parti démocrate a reconnu une défaite « sans circonstances atténuantes ». Toute la question est de savoir s’il s’agit d’un accident de parcours ou d’une tendance lourde, premier témoignage d’un rejet du chef du gouvernement. Dans la seconde hypothèse, le premier ministre a des soucis à se faire. Les scrutins de Rome et de Turin ont été autant d’occasions pour son opposition de tester une alliance tactique. Une partie de la droite berlusconienne, de la gauche de la gauche et la Ligue du Nord, ont ouvertement appelé à voter pour les candidates du M5S.

Une autre occasion de répliquer cette stratégie se présentera en octobre, lorsque les Italiens seront amenés à se prononcer par référendum sur la réforme de la Constitution. M. Renzi a promis de démissionner si le non à la réduction des pouvoirs du Sénat pour mettre fin à l’ingouvernabilité de l’Italie l’emportait. Une promesse alléchante pour tous ses ennemis, incapables numériquement de le mettre en minorité au Parlement. « Ce n’est qu’un début », claironnait dimanche soir le fondateur du M5S, Beppe Grillo.