Khadija Ismaïlova, à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, le 2 mars 2014. | Aziz Karimov / AP

La justice azerbaïdjanaise a décidé, mercredi 25 mai, de libérer de prison la militante anticorruption Khadija Ismaïlova, 39 ans, journaliste d’investigation pour la radio Azadliq. Elle avait été condamnée en septembre pour activité économique illégale et évasion fiscale, des accusations qu’elle dénonce comme politiques motivées.

« La Cour suprême d’Azerbaïdjan a commué la peine initiale de sept ans et demi de prison ferme d’Ismaïlova en trois ans et demi de prison avec sursis. Nous nous attendons à ce qu’elle quitte la prison plus tard dans la soirée », a déclaré Fariz Namazly, l’avocat de la journaliste.

Connue pour ses enquêtes sur la corruption, Khadija Ismaïlova avait accusé le gouvernement d’avoir recueilli des preuves contre elle « illégalement, sous la pression » et d’avoir « inventé les crimes » qui lui sont reprochés.

« Prisonnière d’opinion » pour Amnesty International

Ancienne rédactrice en chef du bureau local de Radio Free Europe-Radio Liberty, un média financé par les Etats-Unis, sa condamnation avait été dénoncée par plusieurs organisations de défense des droits humains. Amnesty International l’avait notamment qualifié de « prisonnière d’opinion ».

Khadija Ismaïlova est la lauréate 2016 du prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano, décerné par l’Unesco. Elle a aussi reçu en août le prestigieux prix Alison Des Forges de l’organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch, récompensant des militants des droits humains. Elle est également membre du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont fait partie Le Monde.

Les ONG de défense des droits humains dénoncent régulièrement le régime du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, dont toute contestation provoque aussitôt selon elles une réaction sévère des autorités de ce pays du Caucase riche en pétrole.

Quatorze opposants politiques et militants des droits de l’homme considérés comme des « prisonniers politiques » ont bénéficié d’une amnistie présidentielle et ont été libérés en mars, mais Khadija Ismaïlova n’en faisait pas partie.