Il est bien loin, le temps des consoles chinoises de contrefaçon. Tencent, le géant du jeu en ligne et des télécommunications (le groupe contrôle aussi le réseau social WeChat, le portail QQ. com, ou encore la messagerie instantanée Tencent QQ) a annoncé, dimanche 11 mai, la TGP Box, surnommée « The Blade », une console de jeu conçue en partenariat avec Intel et le constructeur Haier, et basée sur le système d’exploitation Windows 10, rapporte All China Tech.

Celle-ci permettra notamment de faire tourner le titre PC le plus populaire en Chine comme dans le monde, le jeu de stratégie par équipe League of Legends, dont le développeur, Riot Games, appartient à Tencent.

Les acheteurs de la console pourront également s’adonner à des jeux de football (FIFA Online 3), de basket (NBA 2K Online), de course (Need for Speed : Hot Pursuit Tournament) ou encore de chasse aux monstres (Monster Hunter Online), sous la forme de téléchargement continu (streaming) ou définitif.

Aucune sortie en Occident n’a été évoquée. Aucun prix, ni aucune date de lancement, n’ont été annoncés.

Un marché chinois très surveillé

La veille, une autre société chinoise, Fuze Entertainment, avait dévoilé sa propre machine, la Tomahawk F1, qui viendra elle aussi concurrencer la PlayStation 4 et la Xbox One, introduites en Chine en 2014 après un embargo officiel de près de quinze ans sur les consoles étrangères.

La Tomahawk F1 de Fuze, visera le marché plus classique des consoles à la PlayStation 4, encore sous-développé en Chine.

Comme l’explique le blogueur spécialisé ZhugeEX sur son site, « le président de Fuze Entertainment pense qu’ils peuvent faire mieux que Sony et Microsoft, en gérant plus facilement la localisation, la régionalisation et les prix élevés grâce à leur meilleure connaissance du marché chinois ; il estime que cela permettra le développement d’un marché des consoles en Chine », un pays traditionnellement attaché au jeu sur PC et aux consoles de contrefaçon.

Il y a encore deux ans, la plupart des consoles lancées dans le pays tournaient sous Android et affichaient des performances limitées, comme la Tron de Huawei ou la FunBox de ZTE, ou imitant ouvertement le design de machines américaine et japonaise, comme la Ouye, clone de la PlayStation 4 et de la Xbox One.

La Ouye, une des consoles de contrefaçon chinoises. | Ouye

Comme l’expliquait au Monde, en juillet 2015, une journaliste chinoise spécialisée dans les jeux vidéo, les consoles étrangères autorisées en Chine ne peuvent pas lire tous les jeux et bloquent ceux qui sont visés par la censure du gouvernement.

En 2014, un communiqué du ministère de la culture avait précisé que seraient interdits les jeux qui comportent « tout ce qui choque l’éthique, la culture, les traditions et les valeurs chinoises », ou encore « tout ce qui incite à l’obscénité, à l’usage de drogues, aux jeux d’argent et à la violence ».

Sur les Xbox One vendues officiellement en Chine, par exemple, « on ne peut pas jouer à GTA V ou Battlefield 4. C’est la raison pour laquelle les joueurs chinois ont continué à choisir les marchés noirs pour acheter les consoles », expliquait la journaliste chinoise que nous avions rencontrée. Un marché « très mature », selon elle : « des gens achètent des consoles à Hongkong et les transportent sur le continent. C’est une industrie ».

Selon un rapport de la société d’étude marketing EEDAR, la population de joueurs en Chine s’élevait en 2014 à 517 millions de personnes, soit le plus grand contingent au monde devant les Etats-Unis (317 millions).