Des enfants se lavent les mains dans une flaque près du village de Kobo, dans la région d’Oromia | © Tiksa Negeri / Reuters / REUTERS

Quatre-vingt-huit enfants enlevés le 15 avril dernier en Ethiopie par des hommes armés venus du Soudan du Sud ont été rendus à leurs familles dans la région frontalière de Gambella (sud-ouest), a-t-on appris jeudi auprès du Fonds de l’ONU pour l’enfance (Unicef).

« La majorité des enfants ont entre 3 et 5 ans. Beaucoup sont traumatisés, hagards (…) Ils ont vu des gens se faire tuer. La peur se lit sur leurs visages », a expliqué à l’AFP Sacha Westerbeek, travaillant pour Unicef Ethiopie et de retour de Gambella.

Cinq des enfants secourus, d’ethnie nuer, souffrent de malnutrition, dont un bébé de six mois arraché au sein maternel et nourri au lait de vache. Les enfants étaient intégrés dans des communautés murle et recevaient du lait et du sang de vache, la base de l’alimentation murle. Certains ont indiqué avoir reçu des noms murle. Les négociations se poursuivent pour faire libérer 58 autres enfants toujours captifs.

Les enlèvements d’enfants sont relativement fréquents dans cette région du Soudan du Sud où les tribus les élèvent ensuite comme faisant partie des leurs.

Mais le raid du 15 avril était d’une ampleur sans précédent et a provoqué la colère de l’Ethiopie dont l’armée est entrée sur le territoire sud-soudanais à la poursuite des assaillants.

Raid meurtrier

L’attaque, attribuée à des hommes de l’ethnie murle équipés d’armes automatiques sur des villages habités par des Nuer du côté éthiopien de la frontière, a fait 216 morts et 92 blessés, selon le nouveau décompte des agences onusiennes. Plus de 3 000 têtes de bétail ont également été volées.

La présence de l’armée éthiopienne a poussé les autorités sud-soudanaises à dépêcher une médiation de chefs tribaux pour obtenir une libération pacifique des enfants, sans recours à la force.

Les enfants, parmi lesquels dix-sept orphelins dont les parents ont été tués dans l’attaque, vont maintenant faire l’objet d’un suivi psychologique avec le soutien de l’Unicef, a précisé Sacha Westerbeek.

« Après l’attaque [du 15 avril], une vingtaine d’enfants de l’ethnie anuak ont également été enlevés. Nous applaudissons les efforts des gouvernements éthiopiens, sud-soudanais et des chefs tribaux pour assurer le retour des enfants et faire cesser cette pratique nuisible », a-t-elle ajouté.