Le Parlement macédonien a adopté une modification de la loi électorale qui induit le report des élections législatives contestées du 5 juin. | Boris Grdanoski / AP

Le Parlement macédonien a repoussé sine die les élections législatives contestées du 5 juin en adoptant, mercredi 18 mai, une modification de la loi électorale. L’opposition, qui estimait que les conditions d’un scrutin équitable n’étaient pas réunies, avait décidé de boycotter le scrutin et l’Union européenne (UE) avait appelé à son report. Cette décision pourrait débloquer une situation qui semblait figée depuis plus d’un mois, entre le VMRO-DPMNE (la droite nationaliste au pouvoir) et les opposants, notamment le SDSM (social-démocrate).

C’est le parti albanais DUI, allié du VMRO-DPMNE, qui a déposé une proposition d’amendement modifiant la loi électorale, « de nature à supprimer les articles convoquant des élections anticipées le 5 juin », a expliqué l’un de ses responsables, Talat Xhaferi. Pour l’examiner, les députés ont été convoqués par le président de la chambre, Tajko Veljanovski, malgré la dissolution du Parlement du 7 avril. « Le Parlement a voté l’amendement de la loi électorale », a déclaré M. Veljanovski après le vote.

« Révolution de couleurs »

Le report de ces élections législatives était réclamé par des milliers d’opposants qui sont descendus dans les rues de Skopje presque tous les soirs depuis le 12 avril, maculant statues et bâtiments officiels de peinture colorée. Un mode d’action qui les a conduits à décrire leur mouvement comme la « révolution de couleurs ». La Macédoine est candidate à l’adhésion à l’UE qui avait averti mardi qu’un gouvernement issu d’élections boycottées par trois des quatre principaux partis pourrait, à ses yeux, ne pas être « crédible ».

Fixées par le Parlement avant que celui-ci se dissolve, ces élections font partie d’un plan de sortie de crise négocié en juillet 2015 entre partis macédoniens sous l’égide de l’Union européenne. Mais la situation s’est brutalement envenimée le 12 avril lorsque le président Gjorge Ivanov a ordonné l’amnistie de plus de 50 personnalités, dont l’homme fort du pays et premier ministre sortant Nikola Gruevski, susceptibles d’être mises en cause dans un gigantesque scandale d’écoutes illégales et de corruption.