Didier Deschamps et Karim Benzema au Brésil en 2014. | FRANCK FIFE / AFP

Dans un entretien au journal Libération du jeudi 2 juin, Eric Cantona semble ne pas craindre un éventuel procès pour diffamation après avoir suggéré dans le Guardian que Didier Deschamps n’avait pas sélectionné Hatem Ben Arfa et Karim Benzema pour l’Euro en raison de leur origine maghrébine. Il faudra, dit-il, « distinguer ce qui relève de la diffamation du fait de mettre le problème sur la place publique ».

Le problème auquel Eric Cantona fait allusion, c’est le racisme dans le football français. Il s’interroge notamment sur l’absence de « dirigeants d’origine maghrébine ou d’Afrique noire » et estime que les dirigeants de la Fédération française de football (FFF) « se sont servis de [lui] pour effacer l’ardoise et cette ardoise, c’est l’affaire des quotas ». En mai 2011, Mediapart rapportait des propos tenus lors d’une réunion à la FFF. Etait suggérée la mise en place d’une politique de quotas visant les jeunes binationaux dans les centres de formation en France, cela au milieu de considérations relayant des préjugés sur les caractéristiques des footballeurs « blacks ». « Ça leur permet d’éloigner ce souvenir dans l’esprit des gens », accuse l’ancien footballeur.

Il estime également que depuis les attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre 2015, « le regard que l’on porte sur la communauté maghrébine a changé. »

« C’est la fonction de l’art et l’art me nourrit »

Quant à la polémique qui agite le pays depuis ses déclarations, Cantona assure qu’il « s’en tape, très sincèrement ». Et il assume… à sa manière :

« Moi, j’adore que l’on me mette en situation de me poser des questions. C’est la fonction de l’art et l’art me nourrit. Ça permet de susciter, de déclencher, d’apprendre aussi. »

C’est la deuxième fois en quatre jours que l’ancienne star de Manchester United s’exprime sur le sujet. Il a également publié une tribune dans Le Journal du dimanche. Il prévient qu’il « attaquera en justice tous ceux qui ont tenu des propos mensongers et insultants à [son] égard ». Avant de conclure :

« C’est sain. Que tout le monde puisse m’écouter, que je puisse écouter tout le monde et que ça concourt à une forme d’enrichissement mutuel. »