Supporteurs nord-irlandais. | JEAN CHRISTOPHE MAGNENET / AFP

Une enquête a été confiée à la sûreté départementale des Alpes-Maritimes afin de déterminer les causes exactes de la mort d’un supporteur nord-irlandais, Darren Rodgers, 24 ans, dans la nuit de dimanche à lundi 13 juin, vers 2 h 20, à Nice.

Les premiers éléments de l’enquête révèlent que l’homme est mort sur la promenade des Anglais, en contrebas d’un mur. Il a fait une chute de sept à huit mètres sur des équipements contondants d’un restaurant de plage. « Rien ne permet de trancher entre l’accident, la maladresse, la non-maîtrise de son corps ou quelqu’un qui a des tendances suicidaires. Nous ouvrons toutes les portes, aucune hypothèse n’est privilégiée », a dit le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, lors d’une conférence de presse.

« Signes d’ivresse »

Un témoignage était en cours de vérification lundi selon lequel des sapeurs-pompiers auraient été alertés à propos d’un homme au comportement étrange. Selon le procureur, des témoins ont perçu chez ce supporteur des « signes visuels d’ivresse » avant de le voir basculer par-dessus une rambarde, sans que personne le pousse. Le procureur a exclu à ce stade l’hypothèse d’une bagarre qui aurait mal tourné.

Darren Rodgers était originaire de la ville de Ballymena, en Irlande du Nord, et ancien élève du lycée Cambridge House, selon la BBC. Des joueurs de l’équipe nord-irlandaise lui ont rendu hommage sur Twitter, dont Steven Davis, le capitaine de la sélection.

Un porte-parole de la police des Alpes-Maritimes avait déclaré que « l’hypothèse accidentelle » était privilégiée. Pour le procureur de Nice, la mort du supporteur irlandais ne doit pas être reliée à une rixe provoquée par un groupe de vingt-cinq Niçois qui ont lancé des bouteilles sur des supporteurs irlandais après le match Irlande du Nord-Pologne (0-1).

A 23 heures samedi, une foule de supporteurs polonais et nord-irlandais faisaient la fête devant un pub près du cours Saleya. « Le climat était convivial, entre les supporteurs fortement alcoolisés, raconte Serge, un restaurateur. Soudain un groupe de jeunes a surgi. Ils ont lancé des bouteilles de bière, insulté les divers supporteurs. » A la suite de diverses provocations, une bagarre, qui a duré près de trois minutes, a été interrompue par l’intervention des forces de l’ordre, qui ont séparé les protagonistes. Le bilan, a dit le procureur, s’élève à neuf blessés (français, polonais et nord-irlandais), dont un grave, mais dont les jours ne sont pas en danger, qui a subi un traumatisme crânien causé par un jet de bouteille.

« Fauteurs de troubles »

Les policiers disposent d’images très précises du système de vidéosurveillance de la Ville de Nice. Elles doivent permettre d’identifier les auteurs. D’ores et déjà l’enquête a établi, selon le parquet, que « les fauteurs de troubles formaient un groupe de vingt-cinq à trente Français, qui ont été identifiés pour certains comme d’ex-membres assez connus d’un groupe identitaire », que le procureur n’a pas explicitement nommé. Ces « ex-identitaires » font l’objet depuis longtemps de surveillance des services de renseignement territoriaux. Parmi eux, certains seraient d’anciens supporteurs de la Brigade Sud Nice (un groupe ultra de l’OGC Nice dissous en 2010) selon un enquêteur. L’exploitation des images vidéo devrait s’avérer déterminante pour la suite de l’enquête.