La prison de Fleury-Mérogis, le 28 avril 2016. | Thibault Camus / AP

En l’espace de dix jours, deux hommes détenus à la maison d’arrêt de Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques, sont morts dans leurs cellules. Le parquet de la ville a annoncé vendredi 20 mai avoir ouvert deux enquêtes.

Un homme, poursuivi dans une affaire criminelle, s’est suicidé par pendaison dans sa cellule mercredi alors que son dossier était en fin d’instruction. Les circonstances de la mort du second détenu, dont le corps a été découvert le 8 mai, restent en revanche pour l’heure inconnues. L’autopsie de cet homme de 48 ans condamné pour trafic et usage de stupéfiants n’a pas permis, selon le parquet, d’élucider les causes de sa mort. Une analyse toxicologique doit donc être effectuée.

« Absence de prévention du suicide en détention »

L’Observatoire international des prisons (OIP), qui évoque une mort consécutive à « une absorption médicamenteuse », a de son côté saisi l’unité sanitaire présente dans l’établissement afin de connaître les antécédents médicaux et psychologiques de ce détenu. L’association réclame en outre une prise en charge psychologique des autres personnes incarcérées dans la maison d’arrêt de Bayonne, notamment des deux codétenus témoins des décès.

L’OIP s’inquiète en outre du « manque de transparence » et « de l’absence de prévention du suicide en détention » dans cet établissement qui n’a plus de directeur depuis le mois de décembre. Ce dernier avait été mis à pied après la découverte de propos racistes sur son compte Facebook.

Il y a un mois, la justice avait ouvert une information judiciaire sur une autre mort suspecte, dans la prison de Fleury-Mérogis. Le détenu aurait succombé à une intoxication après qu’il eut mis le feu à son matelas. Mais « les circonstances de sa mort sont très inhabituelles », selon un membre de l’administration pénitentiaire.

Début avril, l’association Human Rights Watch recommandait dans un rapport une étude indépendante pour connaître la proportion de détenus atteints de troubles psychiques ou de maladies mentales dans les prisons françaises. Selon l’ONG, la prise en charge des personnes malades est catastrophique.

La France condamnée après le suicide d’un détenu

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France en février à propos du suicide d’un jeune homme de 24 ans, en décembre 2008, douze jours après son placement en détention provisoire à la maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan. La Cour estime que « les autorités ont manqué à leur obligation positive de protéger le droit à la vie », alors que le juge d’instruction « avait indiqué (...) qu’il convenait de surveiller M. qui semblait fragile et dont c’était la première incarcération ».…