A picture taken on December 11, 2013 in Lille, northern France, shows twenty euro banknotes. In march 2012, there were approximatively 2.7 billions of twenty euro banknotes circulating within the euro zone. AFP PHOTO / DENIS CHARLET / AFP PHOTO / DENIS CHARLET | DENIS CHARLET / AFP

Traditionnellement délaissés par les épargnants, les produits d’épargne retraite suscitent un engouement nouveau. A commencer par le Plan d’épargne retraite populaire (PERP) dont le nombre d’adhérents a atteint 2,3 millions en 2014, en hausse de 2 % par rapport à l’année précédente. La carotte fiscale offerte à l’entrée n’y est sans doute pas étrangère, mais bien d’autres éléments sont à analyser avant d’y souscrire.

  • Une fiscalité pas si intéressante

Chaque année, les sommes versées sur un PERP sont déductibles de votre revenu imposable dans la limite de 10 % de vos revenus professionnels net de l’année précédente. Mais encore faut-il être imposable pour profiter de cet avantage et atteindre les tranches les plus élevées du barème de l’impôt sur le revenu pour en profiter pleinement.

L’économie d’impôt procurée par la déduction de vos versements dépend, en effet, du taux marginal d’imposition, c’est-à-dire du taux le plus élevé auquel vos revenus sont imposés. 1 000 euros versés sur un PERP feront économiser 450 euros d’impôt sur le revenu à un contribuable imposé dans la tranche la plus élevée à 45 %, mais seulement 140 euros pour celui se situant dans la tranche à 14 %.

Sachez aussi que lorsque vous récupérerez votre épargne, sous forme de rente, celle-ci sera imposée dans les mêmes conditions que vos pensions de retraite. Si vous ne voulez pas que le fisc vous reprenne tout ce qu’il vous avait donné, il faut donc que votre tranche marginale d’imposition diminue une fois à la retraite. Ce qui est généralement le cas compte tenu de la baisse de vos revenus liée à votre départ en retraite, mais pas toujours.

  • Des fonds bloqués jusqu’à la retraite

Le PERP étant dédié à la préparation de la retraite, votre épargne est bloquée jusqu’à cette date. Autrement dit, vous ne pouvez effectuer aucun retrait, même partiel, en cours de route, ni même fermer votre plan. Seuls quelques cas de déblocage anticipé peuvent vous permettre de récupérer votre épargne avant l’heure, mais vous devrez alors fermer votre PERP : expiration de vos droits aux allocations-chômage à la suite de votre licenciement (mais pas à la suite d’une rupture conventionnelle) ; cessation de votre activité non salariée constatée par un jugement de liquidation judiciaire, absence de contrat de travail ou de mandat social depuis deux ans pour les ex-mandataires sociaux, survenance d’une invalidité vous mettant dans l’impossibilité d’exercer une quelconque activité professionnelle, situation de surendettement, décès du conjoint ou du partenaire de pacs.

  • Des frais élevés

Autre inconvénient des PERP : ils sont lourdement chargés en frais, même si les assureurs ont fait quelques progrès en la matière. Les frais sur versements peuvent atteindre 4,5 % à 5 % (certains PERP n’en prélèvent plus), tandis que les frais de gestion prélevés sur l’encours géré sont de l’ordre 0,85 % à 0,96 %. Fuyez les PERP qui prélèvent des frais à chaque fois que votre rente est versée.

  • Ne négligez pas les options proposées à la sortie…

Principale caractéristique d’une rente viagère : les versements de la rente cessent au décès du rentier. En cas de décès précoce, tout ce qui ne lui a pas été versé sous forme de rente est perdu pour ses héritiers…

Pour éviter cette situation, et être assuré de récupérer une partie de votre épargne, mieux vaut opter pour un PERP prévoyant une sortie partielle en capital, qui permettra de récupérer 20 % des sommes accumulées. Autre intérêt de cette option, elle permet de profiter de conditions fiscales plus avantageuses, et donc de doper un peu la rentabilité finale de l’opération, puisque vous pourrez opter sur ces 20 % pour un prélèvement de 7,5 % au lieu d’être taxé, comme avec la rente, au barème progressif de l’impôt sur le revenu.

Les options de rente peuvent aussi faire la différence. Une rente réversible au profit de votre conjoint est la solution la plus protectrice pour lui car si vous décédez, votre rente lui sera servie jusqu’à son décès (en totalité ou en partie, selon ce que vous aurez choisi). Mais cette option a un coût et dans ce cas vous percevrez un montant moins élevé, surtout si votre conjoint est beaucoup plus jeune que vous.

Mieux vaut privilégier une rente dite à « annuités garanties », qui ampute moins le montant qui vous sera versé dès le départ. Avec cette option, vous pouvez désigner une personne qui percevra la rente à votre place, pendant un nombre d’années défini, si vous décédez avant. Par exemple, si vous optez pour vingt annuités garanties et que vous décédez au bout de 15 ans, la rente sera reversée pendant encore cinq ans au bénéficiaire. En revanche, si vous êtes toujours en vie au terme des vingt ans, vous continuerez à percevoir normalement votre rente jusqu’à votre décès.

  • ni les garanties complémentaires pendant la phase d’épargne

En cas de décès pendant la phase d’épargne, l’épargne accumulée sur votre PERP est en principe perdue pour vos héritiers. Pour éviter cela, les PERP comportent généralement des garanties prévoyant le reversement de vos droits sous forme de rente à votre conjoint (ou tout autre bénéficiaire) ou d’une rente d’éducation à vos enfants mineurs jusqu’à leurs 18 ou 25 ans, selon le cas. Assurez-vous que le PERP auquel vous souhaitez souscrire propose cette possibilité.

  • Une rente pas très élevée

Avec un PERP, vous n’avez aucune garantie sur le montant de la rente qui vous sera versée à la sortie car pour convertir votre capital en rente, l’assureur devra s’appuyer sur les tables de mortalité en vigueur à cette date. Compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie, les taux de conversion qui seront utilisés dans dix, vingt, ou trente ans seront très vraisemblablement moins généreux que ceux retenus actuellement.

Pour avoir un ordre d’idée, sachez que pour obtenir une rente de près de 300 euros par mois à 65 ans, vous devrez vous être constitué un capital de 100 000 euros. Autant dire que vous ne devez pas compter uniquement sur un PERP pour assurer vos vieux jours !