Manifestation après la mort de Dinka Chala, un Oromo tué dans le village de Yubdo, à 100 km d’Addis-Abeba, le 17 décembre. | ZACHARIAS ABUBEKER / AFP

Déclenchées en novembre dans la région de l’Oromia, les manifestations anti-gouvernementales ont fait plus de 400 morts, selon un rapport publié jeudi 16 juin, par Human Rights Watch (HRW).

L’organisation de défense des droits de l’Homme accuse le gouvernement d’avoir mené une « répression brutale » contre des manifestants « généralement pacifiques » et assure avoir documenté l’usage répété par les forces de sécurité éthiopiennes de tirs à balles réelles.

Un plan d’urbanisme controversé d’extension des limites municipales de la capitale Addis Abeba avait suscité des craintes d’expropriation de fermiers oromos, le plus important groupe ethnique du pays, qui étaient descendus dans la rue.

HRW affirme avoir identifié par leurs noms plus de 300 personnes tuées, pour la plupart des étudiants. « Les forces de sécurité éthiopiennes ont tiré et tué des centaines d’étudiants, de fermiers et de manifestants pacifiques avec un dédain complet pour la vie humaine », a commenté Leslie Lefkow, directrice adjointe Afrique chez Human Rights Watch.

Le rapport de 61 pages fait également état de « dizaines de milliers d’arrestations » et évoque des cas de tortures et de viols. De son côté, un rapport de la Commission des droits de l’Homme, un organe gouvernemental, récemment adopté par le Parlement, pointe des cas isolés de « recours excessif à la force ».

« Il y a toujours quelques brebis galeuses »

Ce chiffre est vivement contesté par le gouvernement éthiopien. Pour les autorités, le bilan officiel de ces manifestations est de 173 morts, dont 28 policiers et officiels. « Dans l’ensemble, les forces de sécurité se sont comportées de manière très professionnelle et très responsable, mais il y a toujours quelques brebis galeuses », a réagi le porte-parole du gouvernement éthiopien, Getachew Reda.

« Le Conseil éthiopien des droits de l’homme qui n’est pas un ami du gouvernement n’a enregistré que 103 noms [de victimes]. Pourquoi pas plus ? Tout simplement parce que ces noms n’existent pas (…) Human Rights Watch est très généreux avec les chiffres quand il s’agit de l’Ethiopie », a estimé M. Reda.

Si le projet contesté a été abandonné en janvier, cela n’a pas suffi à calmer les manifestants. Le premier ministre Hailemariam Desalegn s’est excusé en mars devant le Parlement pour n’avoir « pas suffisamment écouté les doléances du peuple », mais a rejeté la responsabilité des morts et des destructions sur la violence de certains manifestants. Cette crise est la plus grave en Ethiopie depuis les violences post-électorales de 2005, qui avaient fait quelque 200 morts.