Coucours de médecine, à Marseille. | AFP

C’est décidé, vous allez « faire médecine », c’est-à-dire vous inscrire en première année commune aux études de santé, la fameuse Paces. Oui, mais où ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que cette année, les bacheliers doivent formuler, sur la plate-forme Admission post-bac (APB 2016), des vœux groupés concernant cette filière très demandée : ils postulent en même temps dans tous les établissements d’une même académie et ont jusqu’à mardi 31 mai pour les classer par ordre de préférence.

Si la plupart des étudiants n’ont le choix qu’entre une ou deux universités, ceux qui passent leur bac en Ile-de-France doivent hiérarchiser les sept facs de médecine que comptent les académies de Paris, Créteil et Versailles, réunies en une seule entité pour APB. A la rentrée dernière, seuls « 77 % des candidats franciliens ont obtenu leur premier sous-vœu et 18 % leur deuxième choix », indique Thierry Malinge, chef de la division des établissements et de la vie universitaire au rectorat de Paris.

Dans ces conditions, vaut-il mieux choisir une fac avec un bon taux de réussite ? Ou plutôt celle de son académie d’origine ? Plusieurs critères peuvent guider votre choix.

1) La localisation

Inutile de choisir une université très bien cotée si elle est loin de chez vous : minimiser son temps de trajet reste l’astuce numéro un pour sélectionner sa fac. « Le temps de transport entre le domicile et l’université peut, à la longue, démotiver l’étudiant. Deux heures de trajet, ce n’est pas tenable », avertit Maxime Michelin, secrétaire pédagogique de la Paces à l’université Paris-XIII. Le temps passé dans les transports est autant de temps perdu pour travailler, mais aussi pour dormir ou se divertir.

Pour Florence Pheulpin, responsable de la scolarité Paces de l’université Paris-Sud, l’idéal serait même, lorsque cela est possible, de rester chez ses parents : « Un étudiant bichonné chez lui a plus de chances de réussir que les autres, tant du point de vue psychologique que matériel », avance-t-elle.

A savoir : l’algorithme d’APB favorise les étudiants qui postulent dans leur académie d’origine, c’est-à-dire celle où ils ont passé le baccalauréat. En cas de capacité d’accueil limitée, les étudiants qui viennent d’ailleurs prennent le risque de se voir refuser leur demande et d’être réorienté vers leur second vœu. Les universités d’Ile-de-France, pour varier les profils de leurs étudiants, réservent une partie de leurs effectifs aux bacheliers de province. Mais ces places sont rares, moins d’une centaine par établissement en moyenne, et soumises à un examen du dossier scolaire.

Mieux vaut donc ne pas trop s’éloigner du cocon familial et amical, d’autant qu’« être entouré de camarades qui vont dans le même établissement joue aussi un rôle important psychologiquement, suggère Maxime Michelin. Avoir un groupe d’ami aide sans aucun doute à mieux gérer le stress du concours. »

2) Les coefficients des matières

« Certaines facs sont très scientifiques comme Paris-Sud, d’autres le sont moins comme Paris-Est-Créteil », détaille Florence Pheulpin. En effet, si les programmes sont uniformisés à l’échelle de la France, les universités jouent sur les coefficients qui pondèrent chaque matière pour se différencier.

Faut-il pour autant choisir sa fac en fonction de son « profil », plutôt scientifique ou plutôt bon en apprentissage par cœur ? « Plus les coefficients des sciences dures sont élevés, aux dépens des matières qui nécessitent d’apprendre par cœur, et plus la fac est difficile, explique Gérard Friedlander, doyen de la fac de médecine Paris-Descartes. Ainsi, on considère généralement que les facs de Paris-Descartes ou Pierre-et-Marie-Curie sont plus difficiles que Paris-XIII. »

A titre d’exemple, pour la filière médecine, l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPEC) réserve son plus gros coefficient à la matière chimie et biochimie, qui pèsera pour 16,6 % de la note finale, contre seulement 8,5 % de la note à Paris-XIII. A l’inverse, Paris-XIII met plutôt l’accent sur l’enseignement de spécialité (médecine, odontologie, maïeutique ou pharmacie) qui compte pour près d’un quart de la note finale (23,4 %), contre seulement 5,5 % à l’UPEC. Les coefficients des différentes unités d’enseignement sont en général précisés sur les plaquettes des établissements et accessibles sur leurs sites Internet. N’hésitez pas à les comparer, mais inutile cependant d’espérer un miracle : « Les coefficients créent une différence infime, ce n’est pas là que la différence va se jouer », relativise Maxime Michelin.

3) Le taux de réussite

De la même façon, le taux de réussite au concours à la fin de l’année peut être un critère de choix. Autour de 20 % en moyenne en Ile-de-France, ce taux peut varier légèrement entre les universités. Ainsi, en 2014-2015, 18,8 % des étudiants de Paces à Paris-Sud sont passés en deuxième année, contre 25 % de ceux de Paris-Diderot.

Cependant, choisir sa faculté en fonction de ce seul chiffre, très variable selon les années, paraît plus qu’aléatoire : les établissements avec les meilleurs taux de réussite attirent plus d’étudiants, ce qui fait mécaniquement baisser ce taux l’année suivante. Ces chiffres sont difficiles à trouver sur les sites Internet des universités, mais l’association Tutorat santé Ile-de-France en a regroupé la plupart dans le guide du futur étudiant en Paces d’Ile-de-France.

4) Le tutorat

Le tutorat constitue un accompagnement des étudiants de première année par ceux de deuxième ou troisième années. « Ils existent dans la quasi-totalité des universités et sont le plus souvent gratuits ou à bas prix, 120 euros l’année maximum », explique Clément Valy, vice-président en charge des tutorats de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Loin des 10 000 euros que peuvent coûter certaines prépas privées.

L’Anemf et l’Anepf (Association nationale des étudiants en médecine de France) délivrent chaque année des agréments de bronze, d’argent ou d’or aux meilleurs tutorats de France, selon différents critères : le nombre d’entraînements par semaine, l’organisation ou non de concours blancs dans les conditions d’examen, l’implication des professeurs, la mise à disposition de supports de cours, d’outils numériques, de questionnaires en ligne, etc. Parmi les « championnes » de l’année 2015, Amiens, Toulouse, Paris-VII, Montpellier-Nîmes ou encore le tutorat santé Lorraine décrochent la mention or.

L’ensemble des « médailles » 2016 sera bientôt disponible sur le site Tutorat Paces, qui propose d’ores et déjà une carte des tutorats de la plupart des grandes villes françaises. Des informations sur le sujet sont également disponibles sur les sites des universités.

5) Les passerelles

Quand on se lance en Paces, c’est évidemment pour la réussir. Mais en prenant un peu de recul, choisir une université qui propose de nombreuses passerelles, en cours et à la fin de la Paces, peut être une bonne façon d’assurer un plan B en cas d’échec.

« Les passerelles dépendent des conventions entre les universités et les écoles, souvent dans le paramédical et le biomédical, décrit Florence Pheulpin. En cela, l’université de Versailles est intéressante, elle propose des facilités pour rejoindre les écoles d’ergothérapeute, de psychomotricien et de kinésithérapeute. »

En Ile-de-France, ce sont « les universités Descartes, Diderot et Paris-XIII qui proposent pour l’instant le plus de passerelles. Mais on va tous s’y mettre, c’est ce qu’il faut faire  », assure Jean-Luc Dubois-Randé, directeur de l’UFR de médecine de Paris-Est-Créteil. « Le recyclage des étudiants qui ratent en Paces est même devenu un argument d’attractivité pour les universités », complète Gérard Friedlander. Les sites Internet des universités fournissent toutes les informations quant aux passerelles proposées, à vous de repérer celles qui pourraient vous correspondre. Juste au cas où…