Gareth Bale rate une occasion de but face à Akinfeev. Il se rattrapera en seconde période. | VINCENT KESSLER / REUTERS

(Toulouse, envoyé spécial)

Sale temps sportif pour la Russie et pour Vladimir Poutine. Alors que les athlètes nationaux risquent de ne pas participer aux Jeux olympiques de Rio en août, voilà que l’équipe de football quitte l’Euro dès le premier tour, après sa déroute (3-0) contre Galles, lundi 20 juin à Toulouse.

Un fiasco inquiétant pour le pays qui doit organiser le Mondial de football en 2018. Il fait suite à un autre tout aussi traumatisant, l’élimination dès les quarts de finale de la Sbornaïa, la sélection de hockey sur glace, aux Jeux d’hiver de Sotchi il y a deux ans.

La Russie, qui avait atteint les demi-finales de l’Euro en 2008, n’aura donc pas fait mieux qu’en 2012 où elle fut éjectée par la Grèce à Varsovie. Ce fut même bien pire tant l’indigence de son jeu se passe de commentaire, par charité.

Pour Galles, le rêve continue. En dépit d’une courte défaite subie dans les arrêts de jeu (2-1) contre l’Angleterre, sa première participation à la compétition continentale – et la deuxième seulement dans un grand tournoi près de 60 ans après le quart-de-finale de la Coupe du monde 1958 en Suède – est un franc succès. Le pays termine même premier de son groupe grâce au match nul (0-0) entre l’Angleterre et la Slovaquie à Saint-Etienne.

Don’t Take Me Home

Le Dragon a donc mangé tout cru l’aigle bicéphale pour ce match qui avait été classé à risques, suite aux incidents du 11 juin à Marseille pour Russie-Angleterre. Les Gallois qui avaient squatté la place du Capitole avec leurs étendards, invitaient pourtant volontiers les Russes de passage à se joindre à leurs sauts houblonnés.

Avant l’entrée des équipes, deux chants se succèdent. Un Katioucha repris par la tribune russe puis le Don’t Take Me Home des Gallois. Les Reds mettent une ambiance de feu dans l’enceinte. Commele dit la chanson, ils ne veulent pas retourner au boulot mais continuer de boire toute notre bière.

Les joueurs russes, de leur côté, portent un brassard noir en hommage aux quinze adolescents morts dans le naufrage de leur bateau en Carélie, le week-end dernier. Seul hic, la présence dans le stade d’Alexandre Chpryguine, le président ultranationaliste de l’Association des supporteurs russes, censé avoir été expulsé par la France. Il n’a pas manqué de le faire savoir sur son compte Twitter, ce qui lui a valu d’être interpellé pendant le match.

Bale illumine le jeu gallois

Gareth Bale salue la foule à la sortie du terrain du Stadium de Toulouse. | REMY GABALDA / AFP

Face au prudent 5-3-2 des Gallois, le sélectionneur Leonid Slutski, souriant comme Brejnev, aligne un 4-2-3-1 offensif. Il n’a pas vraiment le choix. Plus qu’entre les dents, ses hommes ont le couteau sous la gorge avec leur maigre point arraché aux Anglais, précédant une défaite contre la Slovaquie. Pour leurs adversaires, victorieux de ces mêmes Slovaques, un nul peut suffire.

Ce sont pourtant les Gallois qui se procurent la première occasion dès la 2e minute avec l’inévitable Gareth Bale qui trouve aussitôt le cadre en échouant sur Igor Akinfeev. Bien plus à son aise que contre les Slovaques et les Anglais, le Madrilène illumine le jeu de son équipe. En face, les Russes n’ont pas le moindre tranchant. Une erreur de replacement de leur défense offre à Aaron Ramsey de filer seul au but et de tromper d’une balle piquée Akinfeev dès la 11e minute. Les « Rossia! » baissent d’intensité en l’absence de réaction russe.

Devant, il ne se passe effectivement rien. Et derrière, c’est calamiteux. A la 20e, un contre non maîtrisé du capitaine Roman Shirokov se transforme en passe en or pour le latéral gauche Neil Taylor qui bat Akinfeev en deux temps. Ite missa est.

Les Gallois à la plage

Pendant ce temps, le portier Wayne Hennessey s’ennuie. A l’approche de la première demi-heure, son capitaine Ashley Williams trouve quand même un moyen de l’occuper en ratant complètement son intervention sur un long dégagement d’Akinfeev, et en laissant seul son gardien face à Aleksandr Kokorine. Le pensionnaire de Crystal Palace est irréprochable.

Dans la foulée, sur un raid de Bale, Sam Vokes peut provoquer le k-o, il s’offre le luxe de rater l’immanquable. Face à un adversaire qui a déjà rendu les armes, les Gallois ratent de multiples occasions et s’en mordraient les doigts dans d’autres circonstances. Quelques secondes avant la pause, Fedor Somolov parvient enfin à cadrer un tir.

A la reprise, rien n’a changé. Les Dragons ont la maîtrise du ballon et l’intérêt pour la rencontre a fortement décliné. Une nouvelle erreur de marquage permet à Ramsey de servir Bale en toute quiétude pour le 3-0 (67e). La plus belle occasion russe interviendra à la... 85e mais Artem Dzyuba, dans les six mètres, reprend au-dessus. Les fans gallois, qui n’ont cessé de varier leur répertoire, peuvent chantent le Sloop John B. des Beach Boys avec ferveur et beauté – tradition des chorales locales oblige. Ils sont à la plage.

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