Le capitaine camerounais Vincent Aboubakar à la lutte avec le défenseur des Bleus Adil Rami, lundi 30 mai, à Nantes. | FRANCK FIFE / AFP

A dix jours du coup d’envoi de l’Euro 2016, un douloureux constat s’impose : l’équipe de France souffre sur le plan défensif. Déjà flagrante fin mars lors des victoires acquises (3-2) contre les Pays-Bas et (4-2) face à la Russie, la fragilité de l’arrière-garde des Bleus est, une nouvelle fois, apparue au grand jour, lundi 30 mai, lors de la venue du Cameroun au stade de la Beaujoire, à Nantes. Pour leur avant-dernier match amical avant leur entrée en lice dans le tournoi, le 10 juin contre la Roumanie, les Tricolores se sont, certes, imposés (3-2) face aux « Lions indomptables ». Mais la force de frappe des protégés de Didier Deschamps sur le plan offensif est contrebalancée par une fâcheuse propension à encaisser des buts.

Il faut dire que le sélectionneur des Bleus a été confronté à une litanie de blessures et de forfaits avant de revenir à Nantes, où il débuta sa carrière de joueur (1983-1989). Le Bayonnais a ainsi dû se passer des services du défenseur de Liverpool Mamadou Sakho, contrôlé positif par l’UEFA à un « brûleur de graisses », en mars, et dont la suspension de trente jours a pris fin samedi 28 mai. « DD » a également dû rayer les noms de Kurt Zouma (Chelsea), touché en février au genou, de Benoît Trémoulinas (FC Séville), blessé au ménisque, et de Mathieu Debuchy (Bordeaux), atteint à la cuisse le 11 mai, soit la veille de l’annonce de la liste des 23 joueurs convoqués pour disputer l’Euro.

A cette série d’infortunes s’ajoute le forfait de Jérémy Mathieu, victime d’une rupture du ménisque en mars, retenu parmi les 23, mais gêné à un mollet. « Ce n’est pas grave en soi », avait d’abord déclaré Didier Deschamps, le 25 mai, à propos de la blessure du joueur du FC Barcelone. Or, trois jours plus tard, les examens passés par l’arrière du Barça n’ont guère rassuré le staff des Bleus, qui a officialisé sa mise à l’écart au profit du Lyonnais Samuel Umtiti, aucune sélection au compteur.

La charnière Rami-Koscielny a souffert

Le 25 mai, le patron des Tricolores avait déjà annoncé le forfait de son vice-capitaine Raphaël Varane, victime d’une déchirure du biceps fémoral gauche. Pour suppléer le défenseur central du Real Madrid, Didier Deschamps a inclus dans sa liste des 23 Adil Rami, 30 ans (27 sélections à ce jour). Snobé par le sélectionneur depuis juin 2013, le Sévillan a été préféré à Eliaquim Mangala pour épauler Laurent Koscielny contre le Cameroun. Les deux hommes n’avaient plus été alignés ensemble depuis le 23 juin 2012. Ce jour-là, ils n’avaient pu éviter aux Bleus d’être éliminés (2-0) par l’Espagne en quarts de finale de l’Euro ukraino-polonais.

Constamment devancé par les attaquants camerounais, Adil Rami a été dépassé par Vincent Aboubakar, auteur de l’égalisation de sa formation. Calamiteux dans ses relances, fébrile, le Sévillan n’a pas donné des gages de solidité pour son retour en sélection. « Je dois réapprendre à jouer avec mes coéquipiers, à mieux les connaître. Je suis conscient du match que j’ai fait, a reconnu Adil Rami, dans les couloirs du Stade de la Beaujoire. Je sais que je suis en réconciliation avec les Français et l’équipe de France. J’ai certainement plus d’efforts à faire que les autres. Je peux mieux faire et je le ferai. »

Son partenaire Laurent Koscielny s’est lui aussi montré friable. Le Camerounais Eric Choupo-Moting a ainsi profité d’une glissade de l’arrière d’Arsenal pour égaliser (2-2). Sur un splendide coup franc inscrit dans les derniers instants de la rencontre, Dimitri Payet a offert toutefois la victoire à sa sélection. Un succès étriqué qui ne masque guère le manque de garanties affiché par l’arrière-garde des Bleus, dont les vétérans Patrice Evra, 35 ans, et Bacary Sagna, de deux ans son cadet, font figure de rescapés.

« Qu’il y ait des erreurs, ça semble logique »

« On peut toujours tout améliorer. C’est le premier match que jouaient Adil Rami et Laurent Koscielny ensemble depuis longtemps et on a eu en face de la qualité, a insisté Didier Deschamps, en conférence de presse d’après-match. Qu’il y ait des erreurs, ça semble logique. Je ne m’attendais pas à une copie parfaite. Concernant Adil, après tout ce qui s’est passé, personne ne peut avoir de la tranquillité. Tout n’a pas été parfait, ça mérite évidemment plus de communication entre les deux joueurs par moments mais les Camerounais ont été très intéressants aussi. »

En délicatesse contre le Cameroun, les Bleus ont encaissé leurs 20ème et 21ème buts en dix-neuf rencontres de préparation depuis le Mondial 2014. Une statistique qui inquiète à quelques jours du baptême du feu des Tricolores dans « leur » Euro. Avant son entrée en lice, l’équipe de France peaufinera ses derniers réglages contre l’Ecosse, samedi 4 juin, à Metz.

« Je ne veux pas empêcher l’équipe d’aller de l’avant et c’est parfois au détriment du secteur défensif, a pointé le sélectionneur, dont l’objectif minimal est d’atteindre le dernier carré du tournoi. Pour gagner une compétition, la défense est très importante mais l’essentiel est de marquer un but de plus que l’adversaire. » Une analyse qui traduit le pragmatisme à tous crins de Didier Deschamps, expert dans l’art de s’adapter à la situation.