Adil Rami, à droite, a intégré le groupe après le forfait de Varane. | FRANCK FIFE / AFP

Décimé par des absences de poids, le secteur défensif est plus que jamais le chantier prioritaire de l’équipe de France, qui passe un premier test, lundi 30 mai, face au Cameroun, à Nantes (21 heures), où il s’agira de trouver des repères et de rassurer avec une charnière centrale quasi inédite.

A douze jours du début de l’Euro, face à la Roumanie au Stade de France, Didier Deschamps est engagé dans une course contre la montre pour trouver la meilleure formule en défense. Déjà contraint de se passer de Mamadou Sakho, un de ses cadres, qui a été suspendu un mois à titre conservatoire pour infraction au code antidopage et devrait connaître dans les prochains jours la décision définitive de l’UEFA, le sélectionneur a eu ensuite le très gros désagrément d’apprendre lundi le forfait de Raphaël Varane, victime d’une déchirure à une cuisse.

Deschamps improvise

« C’est embêtant, forcément », grimaçait Deschamps plus tard en conférence de presse à Clairefontaine. Et pour cause, depuis le Mondial 2014, le stoppeur madrilène était devenu le patron de l’arrière-garde des Bleus, celui « qui a le plus joué depuis la Coupe du monde » (dix-huit matchs), rappelait-il. Face à l’urgence de la situation, « DD » a, chose rare, dû improviser, préférant rappeler parmi les vingt-trois Adil Rami plutôt que de solliciter un de ses deux réservistes de la défense, les néophytes Samuel Umtiti et Djibril Sidibé. Rami étant droitier, l’argument technique a prévalu autant que son expérience, certes lointaine (vingt-six sélections, l’Euro 2012 disputé) après trois ans sans sélection, mais réelle.

Et pour couronner le tout, samedi s’est ajouté le forfait de Jérémy Mathieu, blessé à un mollet, et suppléé dans les vingt-trois, cette fois, par Umtiti. « Il y a des absents en défense, mais même quand ils étaient là, on avait des problèmes défensifs », a rappelé Deschamps dimanche. « Je ne suis pas inquiet, c’est embêtant mais il y a des joueurs qui sont là, que j’ai choisi et j’ai confiance en eux. Il y a deux matchs de préparation [le second aura lieu à Metz le 4 juin] et des entraînements pour être performants. Après, la réponse, on l’aura pendant la compétition. »

D’ici-là, Didier Deschamps devra trouver le partenaire le plus complémentaire à Laurent Koscielny, qui devait de toute façon être associé à Varane pour l’Euro. En d’autres termes, pour composer une charnière sans automatisme, puisque, ces deux dernières années, Varane était toujours titulaire et jouait alternativement avec Koscielny, Sakho ou Mangala, voire Mathieu. « Le fil conducteur après le Mondial » tissé par Deschamps ayant été rompu par les aléas, celui-ci va donc devoir choisir qui de Rami, Mangala ou Umtiti est le plus à même de compléter la charnière.

« La hiérarchie est évolutive »

Si Deschamps a dit que « la hiérarchie est évolutive », une concurrence naturelle oppose surtout Rami à Mangala. Et le Sévillan pourrait, grâce à sa dynamique de confiance, ses bonnes prestations récentes (en finale d’Europa League, remportée contre Liverpool 3-1), convaincre le sélectionneur de reformer un duo avec Koscielny, dont le dernier match en commun remonte au quart de finale de l’Euro 2012 perdu face à l’Espagne (2-0). Il sera en tout cas vraisemblablement aligné d’entrée face au Cameroun à Nantes.

Mangala, lui, revient de moins loin, mais il a mieux fini sa saison qu’il ne l’avait commencée avec Manchester City, et il est gaucher, ce qui pourra compter à un moment donné aux yeux de Deschamps. « Je n’ai pas de remède miracle, a prévenu le technicien basque. L’expérience, quelle que soit l’association en défense, sera réduite de toute façon ». Elle devra être compensée par la fougue, la générosité, un travail de repli commun à toute l’équipe, car Deschamps le sait mieux que personne, lui qui fut le capitaine des Bleus champions du monde en 1998 : sans défense solide, point de grande victoire.