Les Turcs célèbrent le premier but face aux Tchèques, mardi 21 juin. | Frank Augstein / AP

La Turquie s’est offert des chances de croire encore aux huitièmes de finale, après sa victoire (2-0) face à la République tchèque, madi 21 juin à Lens. L’exploit n’est pas mince après une entame de tournoi catastrophique. Comme lors de l’Euro 2008, où elle avait également affronté la République tchèque lors d’un dernier match de poule mal embarqué, la sélection de Fatih Terim a réussi à s’imposer, grâce à des buts de Burak Yilmaz et Ozan Tufan. Elle termine troisième, avec une victoire et deux défaites, synonyme de ballotage, en attendant les dernières rencontres de la phase de poules, mercredi. Les Tchèques, eux, sont éliminés.

République tchèque-Turquie, l’affiche lensoise apparaissait comme le duel des seconds couteaux du groupe D. Ce n’est pas faire injure aux deux sélections que de souligner qu’elles n’ont pas joué les premiers rôles et que la vraie « finale » se situait plutôt à Bordeaux, entre la Croatie et l’Espagne. En quatre matchs, Turcs et Tchèques n’avaient jusqu’alors grappillé qu’un seul point.

Calculs complexes

Au concours de la médiocrité, les Turcs l’avaient jusque-là emporté haut la main, avec une défaite peu inspirée face à la Croatie de Luka Modric (1-0), suivie d’une déroute face à l’Espagne (3-0). Mais voilà l’une des conséquences de ce nouveau format de l’Euro : il est possible d’enchaîner deux revers insipides et de rester en course pour une hypothétique qualification en huitièmes de finale. Très hypothétique tout de même puisque les hommes de Fatih Terim devaient l’emporter avec une marge de deux buts et une conjonction d’astres favorables pour espérer être repêchés parmi les « meilleurs troisièmes ». Dans les rues de Lens, quelques heures avant la rencontre, certains supporteurs se perdaient déjà dans de complexes calculs pour tenter de deviner le score nécessaire à une qualification des leurs. Maux de tête garantis, et mission impossible avant les derniers matchs de mercredi.

Agacé de l’apathie de ses joueurs depuis le début du tournoi, le sélectionneur turc avait averti : « Notre équipe a abandonné, et je n’ai pas apprécié. Je n’ai jamais accepté cela et je ne l’accepterai jamais. Je vais faire tout le nécessaire pour changer ça. » Il faut croire que le numéro de Père fouettard a plutôt bien marché puisque dès la 9e minute, Burak Yilmaz ouvrait le score en reprenant un centre du très remuant Emre Mor. Les tribunes, à grande majorité remplies de Turcs, pouvaient exulter. Restait tout de même 80 minutes pour tenir le résultat. Voire agrandir la marge, ce qui pourrait s’avérer utile au concours des « meilleurs troisièmes ».

La première mi-temps fut indécise, dans un match ouvert. Les Tchèques se procurèrent une poignée d’occasions dangereuses, mais il y avait toujours, au bout, un tibia turc, les gants du gardien Volkan Babacan ou une imprécision de leur propre attaquant, Tomas Necid, pour venir faire échouer leurs plans. Ou encore le poteau, comme sur cette tête bien placée de Tomas Sivok (16e). Les Turcs, eux, essayaient d’inscrire un deuxième but. Mais la frappe de Volkan Sen frôlait le montant de Petr Cech (28e).

BENOIT TESSIER / REUTERS

Entre chien et loup, le rythme du second acte fut également plutô enlevé. Le jeune ailier (18 ans) turc Emre Mor, une mobylette dont le réservoir ne semblait pas se vider, faisait passer des frissons à la défense tchèque, mais sa frappe s’envolait au-dessus des buts de Petr Cech (58e). Les deux équipes allaient d’un but à l’autre, se rendant coup pour coup, à l’image de cette frappe de Vladimir Darida bien captée par Babacan.

Mais ce sont les Turcs qui allaient prendre un avantage décisif, sur une frappe d’Ozan Tufan, venue se loger sous la barre du gardien Petr Cech, le tout dans un angle difficile (65e). Dans les tribunes, les supporteurs, extatiques, jetaient une poignée de fumigènes sur la pelouse, avant d’entamer, quelques minutes plus tard, des « Olé » pour saluer les passes des leurs et chambrer l’adversaire. Puis d’allumer leurs téléphones portables et faire scintiller les tribunes. Le spectacle, dans les gradins, était grandiose.

Avec cette victoire, les hommes de Fatih Terim peuvent toujours rêver de franchir la phase des poules. Mais rien n’est fait pour autant : avant de connaître leur sort, il leur faudra attendre la journée de mercredi et les matchs des groupes E et F, pour savoir s’ils font partie des « meilleurs troisièmes ». Avec le nouveau format de cet Euro, les qualifications se jouent désormais à la calculette.