Gareth McAuley est le premier buteur nord-irlandais de l’histoire des championnats d’Europe de football. | JEFF PACHOUD / AFP

Premiers tirs cadrés, premiers buts et première victoire dans un Euro, l’équipe d’Irlande du nord a vécu jeudi au Parc OL (Décines, Rhône) une rencontre historique. Battus lors de leur première dimanche dernier à Nice par la Pologne, les footballeurs nord-irlandais ont enfoncé encore un peu plus les Ukrainiens (2-0), également défaits par l’Allemagne quelques jours plus tôt. Avant le très attendu Allemagne-Pologne au Stade de France à 21 h, grâce à ces trois points chèrement acquis, l’Irlande du Nord se replace dans la course à la qualification au sein du groupe C.

Quelques heures avant leur deuxième match, les supporteurs ukrainiens et nord-irlandais affluaient déjà vers Décines, en banlieue lyonnaise, où se situe le Parc OL. Dans cette commune de moins de 30 000 habitants, on a déjà accueilli, lundi dernier, 55 000 spectateurs lors de la victoire italienne face à la Belgique. Cette rencontre entre leur sélection, chacune battue en ouverture, était cruciale pour la suite de la compétition.

Les maillots verts des Britanniques étaient en immense majorité. Leurs drapeaux colonisaient les barrières du tramway et les panneaux publicitaires du modeste centre commercial, situé à quelques centaines de mètres du stade. Les Ukrainiens faisaient quand même sensation en arborant pour certains leur saillant costume traditionnel.

À l’hilarité générale des Nord-Irlandais, un grand costaud ukrainien, en tong et en bermuda, profitait d’une séance de photos collectives pour lancer un chant dans lequel l’on devinait « quelques gentillesses » à l’égard du président russe, Vladimir Poutine. En Ukraine et en Irlande du Nord, la politique n’est jamais loin, même avant un match de football.

La ferveur nord-irlandaise

Depuis les tribunes, à quelques minutes du coup d’envoi, les supporteurs nord-irlandais, toujours aussi fervents, chantaient un vibrant « Sweet Caroline », vieux standard de l’Américain Neill Diamond, très populaire dans le sport américain et britannique. Pendant la rencontre, leurs encouragements incessants ont de quoi faire dresser le poil aux plus réticents vis-à-vis du spectacle footballistique.

À la 24e minute, 24 comme l’âge de Darren Rodgers, décédé accidentellement dimanche dernier à Nice après la défaite face à la Pologne, ils ont applaudi longuement avant de scander le nom de leur camarade. L’hommage a été partagé par le public ukrainien.

Les fans nord-irlandais candidatent au titre de meilleur public de l’Euro. | ODD ANDERSEN / AFP

Ultra-solidaires lors de leurs débuts à l’Euro, les joueurs de Michael O’Neill espéraient montrer un autre visage, plus offensif face à l’Ukraine. Avec seulement deux tirs dont aucun dans le cadre à l’Allianz Riviera, il n’était pas compliqué de faire mieux. À Lyon, Stuart Dallas réussissait donc le premier tir cadré nord-irlandais dès la 4e minute de jeu. Sans danger pour le gardien ukrainien, Andriy Pyatov.

Pour ce faire, l’entraîneur Michael O’Neill avait procédé à cinq changements dont deux en attaque : l’avant-centre Kyle Lafferty était remplacé par Conor Washington. Jamie Ward était aligné côté droit. La « vedette », Will Grigg, le joueur dont la chanson dédiée est devenue l’hymne officieux de l’Euro, n’a, lui, toujours pas joué la moindre minute.

D’un soutien à toute épreuve et d’une exigence modeste, le public de la « Green and White army » applaudissait aussi bien les dégagements en chandelle de ses troupes que leurs gestes techniques, à l’image de cette passe acrobatique du capitaine Steven Davis (12e). Comme prévu, les joueurs nord-irlandais misaient sur l’énergie et la solidarité : Jamie Ward se démenait par exemple comme un beau diable au pressing.

Des supportrices ukrainiennes jeudi au Parc OL. | PHILIPPE DESMAZES / AFP

Les Ukrainiens répondaient par une technique supérieure et un désir constant de construire leurs actions. À l’issue d’un long mouvement, le défenseur central Yaroslav Rakitskiy voyait sa frappe captée par le gardien Michael McGovern (23e). Deux minutes avant, un centre d’Andriy Yarmolenko fuyait devant l’avant-centre Yevhen Seleznyov. L’Irlande du Nord se créait les deux meilleures occasions : une tête sur corner de Craig Cathcart frôlait d’abord la lucarne (33e) avant qu’un tir excentré de Steven Davis ne soit repoussé par le très sûr Pyatov (42e).

La grêle interrompt brièvement le match

La persévérance des Britanniques allait payer. Sous le déluge, c’est un défenseur qui inscrivait de la tête suite à un coup franc le premier but nord-irlandais dans un Euro. Gareth McAuley s’en souviendra longtemps (49e, 1-0). Durant les éliminatoires, 56 % des buts de l’Irlande du Nord avaient été inscrits sur coups de pied arrêtés. Dans la foulée, la tentative presque similaire de Yevhen Konoplyanka était stoppée par McGovern.

La grêle se mêlait au jeu créant des conditions dantesques et obligeant même l’arbitre tchèque, Pavel Kralovec, à interrompre brièvement la partie. La réaction ukrainienne semblait briser. La détermination sans faille de leurs adversaires posait d’énormes problèmes aux hommes du sélectionneur Mykhailo Fomenko. A la 71e minute, Roman Zozulya remplaçait Viktor Kovalenko à la pointe de l’attaque. Juste avant ce changement, la demi-volée de Viktor Kovalenko manquait le cadre de peu (70e).

Le soleil était de retour. Sans imagination, les héritiers du grand Andriy Shechenko ne parvenaient plus à se montrer dangereux. A l’inverse, les Nord-Irlandais inscrivaient au bout des arrêts de jeu un deuxième but par Niall McGinn.

Mardi 21 juin au Parc des Princes, l’Irlande du Nord s’offrira un vrai match à enjeux face aux champions du monde allemands. A la surprise générale, cette équipe sans grands noms pourrait bien égaler ses prédecesseurs de 1958 : lors du Mondial suédois, les Nord-Irlandais avaient atteint les quarts de finale.