Les Tchèques ont renversé une situation difficile pour obtenir un nul face à la Croatie (2-2). | PHILIPPE DESMAZES / AFP

Les Tchèques ont renversé une situation bien compromise vendredi 17 juin à Saint-Etienne. Battus d’entrée de jeu par l’Espagne, ils ont profité d’une fin de match marquée par des incidents dans la tribune adverse pour obtenir un match nul contre les Croates (2-2). La Croatie menait pourtant 2 à 1 et contrôlait la rencontre.

Mais deux minutes après l’arrivée d’un cordon de CRS, certains supporteurs croates s’échauffaient, vers la 85e minute. Des fumigènes étaient lancés sur la pelouse. Un pétard explosait auprès d’un stadier. Et des bagarres sporadiques entre Croates se déroulaient malgré les appels au calme des joueurs.

Avant Espagne-Turquie, ce soir à 21 heures, les coéquipiers du Luka Modric sont tout de même en tête du groupe D avec quatre points. La République tchèque reprend espoir.

Les footballeurs croates ne sont pas champions olympiques, ni champions du monde, ni même champions d’Europe, mais, depuis qu’ils participent à des compétitions internationales en leur propre nom (Euro 1996), à l’éclatement de la Yougoslavie, ils sont redoutables. En plus de la troisième place au Mondial 1998, ils ont atteint à deux reprises les quarts de finale d’un Euro (1996 et 2008).

Depuis la dissolution de la Tchécoslovaquie, les Tchèques se sont fait une spécialité du Championnat d’Europe de football. Ils se sont qualifiés pour les six éditions et ont obtenu une place de finaliste (1996), une de demi-finaliste au temps où Milan Baros marquait des buts (2004) et une place de quart de finaliste lors de la dernière édition (2012).

Logiquement, ils devraient connaître cette année le premier huitième de finale de leur histoire européenne (première édition à vingt-quatre équipes). Avec une défaite face à l’Espagne et un match nul contre la Croatie, ils ont encore toutes leurs chances.

Modric au four et au moulin

Comme face à l’Espagne, la République tchèque a passé son temps à défendre. Avec un maître à jouer, Tomas Rosicky, qui n’est plus que l’ombre de lui-même, il est difficile de créer du jeu. Les Croates possèdent, eux, des orfèvres en la matière. Le milieu de terrain de la sélection au damier rouge et blanc se paie le luxe d’être composé de joueurs du Real Madrid (Luka Modric), du Barça (Ivan Rakitic), de la Fiorentina (Milan Badelj) et de deux joueurs de côté qui évoluent à l’Inter Milan (Marcelo Brozovic et Ivan Perisic).

Dans un poste à la Pirlo, Modric est au four et au moulin. Il récupère des ballons et se charge de trouver les premiers décalages. Une action à la demi-heure de jeu illustre la variété du vainqueur de la Ligue des champions 2016 : une anticipation qui lui permet de couper une action adverse, un tacle plein d’agressivité pour garder le ballon, suivi d’un petit pont et d’un décalage.

Rakitic, positionné derrière l’avant-centre Mario Mandzukic, est chargé d’accélérer le jeu et de conclure les actions par une dernière passe ou un but. Ce que le Catalan d’adoption fit à merveille à la 36e minute lorsqu’il réussit un une-deux avec Mandzukic d’une superbe talonnade pour finir par un tir dangereux, sorti par le gardien tchèque Petr Cech.

Luka Modric a encore réalisé un superbe match avant de sortir à l’heure de jeu. | PHILIPPE DESMAZES / AFP

Le gardien d’Arsenal n’est pas plus à l’aise que Rosicky, son coéquipier en club et en sélection. D’entrée, il loupait complètement une relance au pied, concédant un corner idiot. Avant de faire des frayeurs à ses défenseurs en appréciant mal la trajectoire d’un centre a priori anodin (19e). Son équipe n’a pas eu plus d’allant : deux petits tirs, aucun cadré et une possession réduite à la portion congrue.

Si Modric et Rakitic sont très en vue, le talent semble généralisé chez les Balkaniques. Badelj pressait intelligemment, Perisic partait balle au pied, dribblait d’un passement de jambe le défenseur et ajustait d’une frappe croisée Cech (36e, 1-0). Dans la foulée, les solides mais moins techniques défenseurs centraux, Luka Corluka et Domagoj Vida, se gênaient et manquaient le ballon du break (41e).

Rosicky ressuscite pour maintenir son équipe à flots

Une occasion que Rakitic n’allait pas gâcher. Lancé en profondeur par Brozovic, le numéro 7 piquait son ballon pour doubler la mise (59e, 2-0). Les Tchèques accusaient le coup. Leur timide réaction de la deuxième période n’était plus qu’un lointain souvenir. Le Bordelais Jaroslav Plasil essayait de prendre les choses en main. Son centre dévié était repris trop mollement par Ladislav Krejci (51e).

A l’heure de jeu, le sélectionneur Ante Cacic croyant pouvoir ménager Modric, aux adducteurs douloureux, un autre joueur du Real entrait sur la pelouse, le jeune Mateo Kovacic (22 ans). Mandzukic loupait le chaos en exploitant maladroitement une erreur défensive tchèque (66e).

Trop facile, la Croatie allait se faire hara-kiri. Rosicky ressuscitait pour offrir une passe de l’extérieur du pied digne de… Modric ou Rakitic. Le Gunner retrouvait enfin de son talent pour offrir sur un plateau le premier but tchèque de cet Euro à Milan Skoda (75e, 2-1), nouvel entrant, qui n’a rien à voir semble-t-il avec Emil, fondateur de la marque automobile nationale.

L’interruption causée par les incidents en tribune allait complètement déstabiliser les joueurs croates. Et Vida concédait un penalty en effectuant une grossière main lors d’un duel aérien. Tomas Necid le transformait en force dans les arrêts de jeu (93e, 2-2).

Le 21 juin, à Lens, les Tchèques auront l’occasion de disputer leur qualification pour le prochain tour. Les Croates devront se reprendre contre l’Espagne le même jour à Bordeaux.