L’Angleterre aura fait mal à la Russie par les ailes. Mais la Russie s’est vengée dans les airs pour arracher un match nul inespéré (1-1) au stade Vélodrome de Marseille, samedi 11 juin. La vitesse de l’ailier de Liverpool Raheem Sterling, les montées du latéral Kyle Walker, ont sapé l’organisation prudente - pour ne pas dire craintive - de l’équipe russe.

Mais celle-ci, qui n’a rien montré d’intéressant pendant 90 minutes, a fini par arracher un point qui rend l’issue du groupe B – où le Pays-de-Galles s’est imposé face à la Slovaquie (2-1) – particulièrement indécis. L’Angleterre aurait dû tuer le match après le coup-franc victorieux de Dier (72e). Mais son incroyable inefficacité a laissé la chance au capitaine Vasili Berezutski, de sauver la Russie d’un coup de tête lobé (90e), à donner des cauchemars outre-manche.

A 21 heures, le stade Vélodrome désormais fermé sur lui-même par son toit en ellipse, semble échapper miraculeusement à la fureur qui a accompagné les déplacements des supporteurs dans l’après-midi marseillais. Les Anglais chantent aussi forts que sur le Vieux-Port, mais, quelques minutes avant ce sommet annoncé, tout prend l’apparence d’un match de football normal. Les violentes rixes vues dans l’après-midi se sont arrêtées à quelques centaines de mètres du stade et, le décorum de l’UEFA honore toujours la paix entre les peuples. Il faudra attendre les dernières minutes pour qu’un fumigène et une bombe agricole, déclenchés dans le virage des supporteurs russes, ravivent, d’un seul coup, toute la tension d’avant-match.

L’Angleterre « droit au but »

Si l’on excepte un bon centre de Smolov, mal négocié par l’avant-centre russe Dzyuvba, le premier quart d’heure est déjà très anglais, avec un Wayne Rooney positionné, comme prévu, en meneur de jeu. Brassard au bras, le bad boy apaisé de Manchester United joue les patrons et s’applique à transposer la stratégie définie par le sélectionneur Roy Hodgson en orientant les ballons vers les ailes. Igor Akinfeev, le gardien du CSKA Moscou, vit de durs moments. Dier, puis Lallana lui expédient successivement des frappes sèches… Le Russe réalise son premier exploit dès la 6e minute quand, suite à un débordement acrobatique de Kyle Walker, l’électrique latéral droit de Tottenham, la reprise d’Adam Lallana l’oblige à dégager le ballon des deux poings.

Les Anglais jouent comme ils le font tous les dimanches en Premier League. Sans temps mort, vers l’avant, bousculant un adversaire qui aimerait bien poser son football. Au milieu, avec Dyer et Ali, sitôt la balle récupérée, ils cherchent la verticalité et les flèches Sterling et Kane. Un « droit au but », en somme, qui aurait pu ravir les supporteurs locaux s’il y en avait eu dans un Vélodrome de Marseille, rempli aux trois-quarts par des Anglais, et pour le quart restant par des Russes.

Dans cette première mi-temps 100 % britannique, l’équipe de Leonid Sloutski plie, mais a, au moins, l’intelligence de faire peu de fautes. Ce qui offre à l’arbitre italien Nicola Rizzoli, la seule soirée presque tranquille – un carton jaune à l’Anglais Cahill, un au Russe Schennikov - passée par un responsable de l’ordre, ce samedi 11 juin, à Marseille.

Sur la lancée de ses dix victoires en dix matches éliminatoires, l’Angleterre séduit et fait chanter ses supporteurs. Les copains Eric, Kyle et Harry -Dier, Walker et Kane- récitent leurs gammes comme à Tottenham, le club qu’ils ont amené jusqu’à la seconde place anglaise cette saison. Lallana, lui, met sur orbite son coéquipier de Liverpool, Raheem Sterling (24e), rattrapé in extremis par Smolnikov au moment d’armer sa frappe. Mais même si Rooney fait encore briller Akinfeev, toujours efficace avec ses deux poings, l’Angleterre n’arrive pas à marquer ce but qui récompenserait justement ses efforts.

La Russie arrache l’égalisation dans les arrêts de jeu

Le surpuissant God save the Queen qui marque le début de la seconde mi-temps, anticipe une autre explosion, vingt-cinq minutes plus tard. Mais avant, les supporteurs anglais vivent quelques frayeurs. Sur la première action russe, Artem Dzyuba, solide devant Smalling, conserve le ballon dans la surface jusqu’à le glisser devant le but de Joe Hart, tout surpris d’avoir soudain quelque chose à faire. Pire, à la 62e, Fedor Smolov, un de deux seuls joueurs russes à ne pas appartenir au CSKA Moscou ou au Zenit Saint-Petersbourg, hérite d‘une balle de but à l’entrée de la surface anglaise. Plein axe, sa frappe du plat du pied frôle le montant d’un Joe Hart tétanisé.

Jusqu’à la miraculeuse 90e minute, la Russie ne fera pas mieux et finit par céder aux cavalcades du diabolique Sterling. Un centre de l’ailier de Liverpool offre à Dele Ali l’occasion d’un petit pont génial sur Vasili Berezutki. La faute du Russe, à l’entrée de la surface, donne à Eric Dier l’occasion de montrer qu’il tire les coups-francs aussi bien que le Gallois Gareth Bale. A 1-0, dans un stade en communion, l’Angleterre semble partie pour poursuivre, dans le tournoi final, sa série de dix victoires dans les éliminatoires. Un centre flottant, passant au-dessus de toute la défense anglaise pour atterrir sur la tête de Vasili Berezutski, pour une de ses rares incursions offensives en décide autrement. Le match est terminé sur le terrain. Personne ne doute qu’il risque de se poursuivre en dehors entre supporteurs dans la nuit marseillaise.