Kevin Gameiro félicité par ses coéquipiers après son but, mercredi 18 mai, à Bâle (Suisse). | Michael Dalder / REUTERS

Au moment de pénétrer sur la pelouse du parc Saint-Jacques de Bâle, mercredi soir, pour y disputer la finale de la Ligue Europa avec le FC Séville contre Liverpool, qu’a pu se dire Kevin Gameiro ? Qu’il ne figurait pas parmi les titulaires des deux finales précédentes de la compétition, toutes deux remportées par la formation andalouse ? Que son absence dans la liste des 23 Bleus appelés à disputer l’Euro en France, le mois prochain, est quasi actée ? Peu importent les états d’âme du Français au coup d’envoi, il les a vite remisés dans un coin de sa tête pour se focaliser sur le potentiel triplé d’une équipe dont il est devenu l’un des cadres depuis son arrivée, il y a trois ans.

Kevin Gameiro, 29 ans aujourd’hui, aurait pu s’enterrer dans un club moyen après son départ du Paris-Saint-Germain, il y a trois ans. A l’époque, ancien espoir du football français, l’attaquant joue peu dans un club qui vit une ascension vertigineuse, symbolisée par l’arrivée de Zlatan Ibrahimovic, en 2012. « C’était difficile à vivre, expliquait-il sur Canal+ peu de temps après son arrivée chez les Sévillans. C’était difficile à comprendre. Ce n’est pas question d’être titulaire, mais une question de jouer un peu plus. Quand on marque le week-end et que le week-end d’après tu n’entres même pas en jeu, c’est compliqué. »

Parler d’une délivrance une fois le maillot « rojiblanco » revêtu serait une erreur : Gameiro a passé l’essentiel de ses premières saisons sévillanes dans la peau d’une doublure, derrière le Colombien Carlos Bacca, parti l’été dernier au Milan AC. Les statistiques de l’ancien Lorientais en attaquant remplaçant rendraient pourtant jaloux une bonne partie de ses homologues de Ligue 1, avec 23 buts en deux saisons. De quoi devenir un super sub (super-remplaçant), comme l’était avant lui Ole-Gunnar Solskjaer à Manchester United, au tournant des années 2000.

Pressenti au FC Barcelone

Eté 2015. Unai Emery décide de confier les clés de son attaque au natif de Senlis. Qui n’a désormais plus joué en équipe de France depuis 2011, un an avant l’arrivée à la tête des Bleus de Didier Deschamps, réticent à appeler Gameiro malgré ses performances. Quasi inaperçue avant l’année dernière, son absence est peu à peu devenue polémique. Pourquoi préférer Gignac et Giroud à Gameiro ? Sur la saison passée, la question se pose. Toutes compétitions confondues, André-Pierre Gignac a inscrit 34 buts cette saison quand Olivier Giroud en a marqué 28 buts, autant que Kevin Gameiro. Statistiquement, l’Andalou ne surclasse donc pas ses concurrents chez les Bleus.

Pour beaucoup, son avantage est ailleurs : « Kevin Gameiro joue de manière phénoménale », encensait en mars le sélectionneur espagnol, Vicente Del Bosque. Au point d’être pressenti au FC Barcelone derrière le trident intouchable Messi, Suarez et Neymar. Un autre rôle de doublure potentielle pour celui qui affrontera l’armada catalane dimanche, en finale de Coupe du roi. Pendant quatre-vingt-dix minutes, le Français se mesurera à l’une des meilleures équipes du continent avec l’occasion de garnir un peu plus son armoire à trophées, déjà bien remplie. Avec trois Ligues Europa, il est notamment devenu mercredi soir le Français le plus titré en Coupe d’Europe.

« Il faut profiter de ces moments car c’est unique dans une carrière de footballeur », se réjouissait-il en zone mixte après la rencontre remportée par Séville 3 buts à 1. Décisif, combatif, Gameiro a failli faire chavirer le parc Saint-Jacques un peu plus tôt, d’un retourné acrobatique passé à quelques centimètres du but des Reds.

Le scénario aurait pu tourner au vinaigre si Gameiro n’avait pas inscrit le but de l’égalisation quinze secondes après le coup d’envoi de la seconde période. Sans paniquer : « On a concédé un but en première mi-temps, mais on ne s’est pas affolés. Le coach nous a dit de rester tranquilles et d’attendre notre moment. » Après le rouge et le blanc de Séville, Kevin Gameiro attend désormais le sien en bleu.