Si Geoff Potts pouvait porter 24 heures sur 24 un écriteau « Out » autour du cou, il le ferait sans hésiter. Ce retraité de 78 ans, habitant Harrogate, au nord de Leeds, voudrait crier haut et fort qu’il faut que le Royaume-Uni sorte à tout prix de l’Union européenne le 23 juin.

Il se défend à plusieurs reprises d’être « extrêmiste », soutient que « beaucoup de Britanniques pensent comme (lui) » mais son discours est des plus radicaux. « La Grande-Bretagne a été une grande nation mais elle est en train de sombrer », clame-t-il. A cause de l’Union européenne? « Oui ! Et de l’immigration qu’elle apporte. Moi je suis britannique et je compte bien le rester. »

M. Potts n’aime rien dans l’Europe. Il ne supporte pas que l’Allemagne soit un des moteurs de cette institution : « Quand j’ai vu Hollande et Merkel se serrer dans les bras à Verdun, j’ai été dégoûté. Mon père est mort en France, pendant la seconde guerre mondiale, pour la liberté », dit-il. Il est énervé que l’Union se soit élargie, rejointe par « des pays pauvres, à l’est, entrés juste pour prendre notre argent ».

Rien ne l’agace plus, d’ailleurs, que la perspective d’un nouvel élergissementcontinue à chercher des nouveaux membres : « il y a 2000 fonctionnaires à Bruxelles employés juste pour trouver qui sera le prochain entrant », lâche Geoff Potts. Et il est en colère contre les « mensonges » des pro-européens qui « cherchent à effrayer tout le monde avec leurs menaces de crise économique ». « Rien ne va changer. Vous croyez que les constructeurs vont arrêter de nous vendre des voitures simplement parce qu’on n’est plus dans l’Union européenne? ».

Le retraité n’est pas à une contradiction près. S’il se dit « très attristé » par la mort de la députée Jo Cox, tuée jeudi, dans la commune toute proche de Birstall, il souhaite « presque qu’il y ait un attentat à la bombe ces prochains jours ». Mais alors que le meurtrier présumé de Mme Cox est un Britannique, l’attaque serait cette fois menée par des étrangers, « pour que les gens se rendent compte des dangers de l’immigration et votent Leave ». Quant à lui, si ses concitoyens choissisent de voter majoritairement « Remain », il partira vivre en Espagne, où il possède une propriété. Au risque de nourrir l’immigration intra-européenne qu’il déteste tant.