Devant les quelque 7 000 développeurs informatiques réunis cette semaine à son siège de Mountain View, au cœur de la Silicon Valley, Google a déployé un échantillon de ses ambitions. | STEPHEN LAM / REUTERS

Le nouveau chic des urbains branchés de Paris, Londres ou Berlin est d’arborer ostensiblement de vieux téléphones Nokia de la grande époque, celle d’avant la tornade Apple de 2008. Hommage nostalgique dont ont profité avant le Finlandais les vieux disques vinyle ou les antiques motos anglaises. D’ailleurs l’aura de la marque reste puissante dans le monde, à tel point que la maison mère, après avoir vendu ses terminaux mobiles à Microsoft en 2013 tente un retour prudent. Elle licenciera le nom auprès d’une société indépendante montée par d’anciens salariés de Nokia.

C’est un peu tard. Comme les micro-ordinateurs avant lui, le téléphone mobile semble en passe de devenir un produit du passé. Dans les pays développés, la croissance des ventes n’est plus au rendez-vous et pour la première fois cette année, le roi Apple a dû enregistrer la première baisse de chiffre d’affaires dans ce domaine. Sans le clamer trop fort, beaucoup tentent d’anticiper ce moment. Au premier rang desquels les principaux concurrents de la firme à la pomme : Google, Amazon et Facebook.

Un monde « sans couture »

Dans un monde d’objets tous connectés à Internet, du casque de réalité virtuelle aux montres, chaussures et accessoires vestimentaires, le smartphone perdra son monopole de la communication mobile. La solution : bâtir une plate-forme logicielle totalement indépendante des intermédiaires matériels.

C’est ce monde « sans couture » que Google essaye patiemment de construire, en s’appuyant sur sa science des algorithmes et de l’intelligence artificielle et l’immense base de données qu’il s’est constitué avec les requêtes quotidiennes de ses milliards d’utilisateurs. Devant les quelque 7 000 développeurs informatiques réunis cette semaine à son siège de Mountain View, au cœur de la Silicon Valley, il a déployé un échantillon de ses ambitions.

Avec son nouvel assistant virtuel, plus besoin de clavier, ni d’écran. Il obéit à la parole et devance les besoins pour écouter de la musique, lire un livre, fermer des portes ou commander un taxi. La firme tente de rattraper son retard sur Facebook et Amazon qui ont déjà ouvert cette voie et commercialisent déjà des produits similaires.

Ce mouvement de fond qui tend à disperser toujours plus les supports matériels et à concentrer les logiciels qui les utilisent, est encore balbutiante et pose deux questions. La première est celle de l’appétit des usagers pour cette évolution alors qu’ils sont très attachés à leur smartphone universel qui permet non seulement de communiquer mais aussi d’ouvrir des portes, payer ses achats, se distraire. Pour l’instant ce sont plutôt les autres terminaux, télévision, ordinateur, tablette, gadget domotique qui rendent les armes. La deuxième question est l’inconnue réglementaire. Quelle réponse apporteront les autorités de la concurrence à l’hégémonie d’entreprises qui étendent leur toile logicielle jusque dans nos chaussures. L’ère de l’après smartphone est encore à construire.