François Hollande, pendant les commémorations du 8-Mai, à Paris. | POOL / REUTERS

L’exercice était inédit et pour le moins décalé. Un président de la République venant à la radio, de bon matin, pour célébrer Henri IV, « grande figure de réconciliation et de pacification », saluer Saint Louis, ce « roi trop connu et ­méconnu », ou évoquer la « figure mythifiée » de Vercingétorix, voilà qui ne manquait pas d’originalité. Alors que l’on pouvait l’attendre sur des sujets autrement plus brûlants, à l’heure où le gouvernement fait intervenir les forces de l’ordre pour lever les blocages de raffineries, François Hollande a accepté, mardi 24 mai, sur France Culture, de répondre, une heure durant, aux questions d’Emmanuel Laurentin dans l’émission « La Fabrique de l’histoire ».

Peu avant l’élection présidentielle de 2012, il avait déjà levé le voile sur son « imaginaire historique » de candidat. Quatre ans plus tard, quel est celui du président ? « Président, j’ai pris conscience du caractère tragique de l’histoire. J’ai constaté au cours de ces quatre années que la tragédie venait s’installer dans le récit », assure-t-il.

« Réconcilier toutes ces mémoires »

Bientôt arrivé au terme d’un mandat qu’il aura voulu riche en commémorations, ce qui sera encore le cas dimanche 29 mai, où il est attendu à Verdun aux côtés de la chancelière allemande Angela Merkel, le chef de l’Etat a rappelé ce qui, selon lui, résume son rôle vis-à-vis du passé. Sur l’Algérie ou les guerres mondiales, son principe aura été le même : « Ce que j’ai voulu, c’est que l’on puisse réconcilier toutes ces mémoires. Vivre pleinement ensemble en étant respectueux de toutes les origines, les parcours, les valeurs. Pour que les mémoires soient réconciliées, il faut qu’elles soient connues. »

Mais être chef de l’Etat, ce n’est pas seulement commenter le passé. « Président, nous ne faisons pas que rappeler l’histoire. Nous la faisons », assure-t-il, non sans reconnaître qu’il s’inquiète déjà de la « trace » qu’il laissera dans l’histoire. « Je pense que cette question est majeure (…). L’action n’est pas fondée seulement sur la communication, le coup politique qu’on peut mener. C’est la question qui m’anime, qui m’habite : “Qu’est ce que j’aurais laissé comme trace, qu’est ce que j’aurais entrepris qu’un autre n’aurait pas pu faire ?” » Après son départ de l’Elysée, peut-être M. Hollande aura l’occasion de revenir une troisième fois dans l’émission pour commencer à apporter une réponse à cette question.