Personnes prêtes à participer au cortège funèbre de Mohamed Ali, devant sa maison d’enfance à Louisville, le 10 juin dans le Kentucky. | LUCY NICHOLSON / REUTERS

Les billets se sont vendus plus vite que ceux de ses combats. En une demi-heure, les 15 500 tickets d’accès à la cérémonie funèbre ont été écoulés. Un marché noir s’est même mis en place, aux abords de Louisville, la ville de naissance de Mohamed Ali, où se déroule son enterrement. Le boxeur, né Cassius Clay et atteint de la maladie de Parkinson depuis 1984, est mort le 3 juin dernier, des suites d’une insuffisance respiratoire.

Si l’inhumation se fera en petit comité, un cortège de plusieurs milliers de personnes, anonymes comme personnalités, a suivi la procession sur trente kilomètres, à partir de 9 heures, heure locale. « The Greatest » reposera au cimetière de Cave Hill, aux côtés de la chanteuse Patty Hill, mondialement connue pour avoir composé Happy Birthday to You.

Erdogan fait parler de lui

Parmi les personnalités présentes, Bill Clinton, l’ex-président, fera partie des orateurs qui prononceront son éloge funèbre, aux côtés de l’humoriste Billy Cristal. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, présent depuis le jeudi 9 juin pour assister à la grande prière musulmane organisée, est rentré furieux en Turquie. Les organisateurs lui ont refusé le droit de déposer un morceau de l’étoffe noire qui recouvre la Kaaba, la relique qui trône au centre du sanctuaire de La Mecque, sur le cercueil d’Ali. Il n’a pas non plus obtenu l’autorisation de prendre la parole lors de l’inhumation. Autant de raisons suffisantes, selon lui, pour le faire rentrer à Istanbul, où son départ avait aussi créé la polémique, après les attentats qui ont frappé le pays.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors de la veillée funèbre en l’honneur de Mohamed Ali. | LUCAS JACKSON / REUTERS

Will Smith, qui a incarné Mohamed Ali dans le film du même nom de Michael Mann, portera, en compagnie de Lennox Lewis, un ancien champion du monde de boxe, le cercueil jusqu’à sa tombe, en compagnie de quatre autres personnes. Mike Tyson, une autre grande gloire du ring, est aussi présent à Louisville. « Son chagrin était immense, il ne savait pas s’il pourrait tenir sur le plan émotionnel. Mais apparemment hier il a décidé qu’il se devait d’être ici », a expliqué Bob Gunnell, le porte-parole de la famille.

Homme aux mille visages

Une foule conséquente, venue du monde entier. Des Etats-Unis, forcément, mais aussi d’Afrique et d’Europe, pour saluer la mémoire d’un sportif et d’un homme insaisissable. A la fois frappeur lourd sur le ring, vif « comme le papillon », et personnage public courageux, prêt à piquer « comme l’abeille ». Engagé contre la guerre au Vietnam, le racisme et militant pour l’égalité, la liberté religieuse et l’humanisme, Mohamed Ali était un personnage pluriel et clivant.

Des pétales de roses jalonneront le parcours de la cérémonie / AFP / Brendan Smialowski | BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Mais l’unanimité autour de Cassius Clay devenu Mohamed Ali est aujourd’hui palpable à Louisville, ville de 600 000 habitants, devenue, le temps d’une journée le centre du monde de la boxe. Un mécène anonyme a décidé de recouvrir de pétales de roses rouges le chemin menant à la tombe. Voilà qui n’aurait pas déplu à l’abeille.