Hewlett Packard Enterprise va scinder une partie de ses activités et les fusionner avec une autre société américaine, CSC. | Elise Amendola / AP

Le découpage du géant informatique américain Hewlett Packard (HP) se poursuit à marche forcée. Il y a quelques mois, le groupe de Palo Alto (Californie) s’était séparé en deux avec d’un côté la fabrication de PC et d’imprimantes et d’un autre les services et le conseil aux entreprises, baptisé HP Entreprise (HPE). Cette dernière entité a annoncé, mardi 24 mai, une nouvelle scission. Tandis que les serveurs, les routeurs, les commutateurs et les logiciels resteront dans le giron de HP Enterprise, la partie services informatiques (SSII) proprement dite va fusionner avec Computer Sciences Corp. (CSC) pour donner naissance à un géant de 26 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Le nouvel ensemble, qui concurrencera des sociétés comme IBM ou Infosys sera dirigé par Mike Lawrie, le PDG de CSC. HP Enterprise récupérera la moitié du capital et des sièges du conseil d’administration, au sein duquel Meg Whitman, la patronne de HP Enterprise, siégera. La partie cédée a été valorisée à 8,5 milliards de dollars. Le rapprochement, dont la finalisation est prévue pour la fin du premier trimestre 2017, devrait générer des économies qui ont été évaluées à 1 milliard de dollars. L’annonce a fait bondir l’action HP Enterprise de 11 %, tandis que le titre CSC progressait de 23 % dans les transactions hors séance.

Pour HP Enterprise, c’est un changement majeur : la moitié de ses effectifs vont basculer chez CSC, soit une centaine de milliers de personnes. Ces activités de services aux entreprises comprennent notamment celles d’Electronic Data Systems (EDS) rachetées en 2008 pour près de 14 milliards de dollars. Cette entité a réalisé au cours du trimestre achevé fin avril un chiffre d’affaires de 4,7 milliards de dollars, en baisse de 2 % sur un an, selon les résultats annoncés parallèlement à la fusion.

« Mieux vaux être à la pointe qu’à la traîne »

« Je crois que le secteur des services va se consolider au fil du temps, et mieux vaux être à la pointe de ce mouvement plutôt qu’à la traîne », a justifié Mme Whitman, qui, depuis son arrivée chez HP en 2011, s’est lancée dans une métamorphose complète du groupe. Selon elle, les clients de la nouvelle société issue du rapprochement avec CSC « bénéficieront d’une activité de services plus solide, plus polyvalente, mieux capable d’innover et de s’adapter à un paysage technologique en changement permanent ».

La réorganisation de HP Enterprise intervient au moment le secteur informatique fait face à de profonds changements avec notamment la montée en puissance d’acteurs comme Microsoft ou Amazon dans l’informatique dématérialisée (cloud computing), tandis que les centres de données (data center) traditionnels déclinent. Dans ce contexte, HP Enterprise cherche à se positionner en proposant de fournir aux entreprises leurs propres data center pour accompagner leur développement dans le « cloud ». En se séparant de ses activités de SSII, Mme Whitman cherche concentrer toutes ses forces sur ce domaine à forte croissance.

Cette opération parachève la réorganisation des deux entreprises. Car, comme HP, CSC avait procédé en novembre 2015 à la scission de ses activités en se séparant de la partie spécialisée dans les services pour le secteur public, qui a fusionné avec SRA International. Cet accord avec HP Enterprise « est un mouvement significatif et logique pour les deux entreprises dans leur mutation », estime M. Lawrie.

Parallèlement, ces derniers mois, HP Enterprise a fait le ménage dans son portefeuille à l’international en vendant la majorité de sa participation dans sa filiale chinoise centrée sur les serveurs et le stockage pour 2,3 milliards de dollars. Plus récemment, le groupe a cédé en avril le contrôle de l’indien Mphasis pour 1,1 milliard au fonds d’investissement Blackstone. Il y a quelques mois, HP avait tenté de rapprocher ses activités dans les services du géant EMC, qui a finalement préféré se rapprocher de Dell.