Manifestation intersyndicale contre la loi travail à Marseile le 17 mai. | BORIS HORVAT / AFP

L’intersyndicale l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-UNEF-FIDL-UNL a appelé à une huitème journée de mobilisation nationale contre le projet de loi travail porté par le gouvernement, jeudi 26 mai. Une neuvième est déjà programmée pour le 14 juin, avec un rassemblement unique à Paris.

Défilés dans la capitale et en province, sites pétroliers bloqués ou à l’arrêt, perturbations attendues dans les ports et les centrales électriques, grèves dans les transports : les opposants au texte multiplient les actions, jeudi, pour tenter de faire vaciller la détermination du gouverment. La parution des quotidiens est également perturbée.

Le mouvement s’est encore durci mercredi, poussant l’exécutif à prendre des mesures exceptionnelles face au risque de paralysie du pays, comme des ponctions dans les réserves stratégiques de carburant et des interventions musclées pour débloquer des dépôts.

« La CGT ne fait pas la loi dans le pays », a lancé aux députés le premier ministre Manuel Valls. Le chef du gouvernement a assuré qu’il n’y aurait pas de « retrait » du projet de loi de la ministre Myriam El Khomri, portant sur une réforme du code du travail et se targuant notamment du soutien de la CFDT. Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a appelé de son côté à « une généralisation de la grève ».

Le point sur les actions prévues jeudi :

Manifestations

La CGT, FO, Solidaires, la FSU, l’UNEF, la FIDL et l’UNL ont appelé à manifester. Alors que le mouvement semblait s’essouffler depuis le 31 mars (entre 390 000 et 1,2 million de manifestants, selon les sources), il a repris de l’ampleur le 19 mai, avec 128 000 à 400 000 opposants dans la rue.

Plusieurs milliers de manifestants à Paris contre la « loi travail »
Durée : 00:57

A Paris, les opposants à la loi doivent défiler à partir de 14 heures entre la place de la Bastille et la place de la Nation.

A Nantes, le préfet de la Loire-Atlantique a décidé d’interdire une manifestation non déclarée. L’arrêté concerne un appel relayé sur les réseaux sociaux et intitulé « Ni loi travail, ni 49.3, ni état d’urgence : jeudi 26 mai Nantes dans la rue », pour un rassemblement prévu à 14 heures place du Bouffay, où se tiennent depuis le 31 mars les Nuits debout nantaises.

SNCF

La CGT-Cheminots et SUD-Rail appellent, pour la cinquième fois, à débrayer. Selon un porte-parole de la SNCF, le trafic SNCF est cependant « moins [perturbé] que la semaine dernière ». Sont prévus :

  • 3 TGV sur 4 ;
  • en région parisienne, 4 RER sur 5 ;
  • en province, la SNCF annonce 2 TER sur 3 et 6 Intercités sur 10.

Aviation civile

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a recommandé aux compagnies de réduire leurs vols de 15 % à Orly, en raison d’un préavis de grève de la CGT, premier syndicat tous corps confondus dans l’aviation civile. Des perturbations sont également attendues sur l’ensemble du territoire en raison de l’appel à la grève interprofessionnelle, relayé par la CGT.

Raffineries

Six raffineries sur huit au total étaient touchées mercredi, même si la grève dans la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime), près du Havre, était sans effet sur la production, du fait d’une faible mobilisation.

Ports et docks

L’acheminement du pétrole sera encore plus compliqué, jeudi, par des arrêts de travail prévus dans « la plupart des ports », à l’appel de la fédération CGT des ports et docks. La fédération CGT des ports et docks a appelé à la grève jusqu’à vendredi 27 mai, « en réponse à la répression » lors du déblocage des accès au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Les modalités d’action pour les jours suivants et jusqu’au 14 juin, « et après si besoin », seront définies ultérieurement, précise-t-elle. La CGT avait auparavant appelé ses syndicats portuaires à s’associer aux « initiatives territoriales ».

Au grand port maritime de Marseille, les employés de Fluxel ne déchargent plus aucun bateau depuis lundi, visant à tarir l’approvisionnement des raffineries, des dépôts et des pipelines en brut ou en produits raffinés. lls ont reconduit mardi matin leur mouvement jusqu’à vendredi. Toutes les autres activités portuaires — conteneurs, passagers, vracs solides (céréales, charbon…), réparation navale — fonctionnent.

Le personnel des terminaux pétroliers du Havre, qui assure 40 % des importations françaises, a également voté la grève à partir de mardi en fin d’après-midi.

Electricité

La CGT de l’énergie a lancé un appel général à compliquer la production dans l’ensemble des centrales nucléaires jeudi. Selon la centrale, au moins 16 des 19 centrales nucléaires de France ont voté la grève pour jeudi. « Dans toutes les centrales où la CGT est majoritaire, soit 16 sur 19, il y a eu des assemblées générales et la grève a été votée », a affirmé à l’AFP un porte-parole de la CGT Energie. Pour autant, « cela ne veut pas dire qu’il y aura des baisses de charge », a-t-il ajouté.

Rejointe dans certaines unités par Force ouvrière, la CGT a prévu des blocages de site, des barrages pour filtrer l’accès du personnel, mais aussi des baisses de production électrique. Elle pourrait aller jusqu’à l’arrêt complet de certaines centrales. La direction d’EDF se prépare à faire face à ces perturbations, même si elle ne peut pas, pour l’heure, en prédire l’ampleur.

Construction

La CGT organise une « journée morte » dans la branche construction, bois et ameublement, avec des « blocages de grands chantiers » et « l’interpellation de politiques » sur l’emploi, les salaires et la retraite. Prévue de longue date, l’opération est rattachée également au mouvement contre la loi travail.