Manuel Valls dans la vieille ville de Jérusalem, le 23 mai. | THOMAS COEX / AFP

Comme prévu, la fin de non-recevoir d’Israël a été cordiale, mais totale. « Nous avons été confrontés à une contestation claire », a reconnu Matignon. Manuel Valls a rencontré lundi 23 mai son homologue israélien, Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, et s’est heurté à l’opposition du chef du gouvernement de l’Etat hébreu concernant le projet de la France d’organiser une conférence internationale pour relancer l’effort de paix avec les Palestiniens.

Fidèle à sa position, M. Nétanyahou a en effet expliqué à M. Valls que « le seul moyen de progresser vers la paix » résidait, selon lui, dans des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens. A l’inverse, il récuse toutes « conférences internationales à la manière onusienne », qu’il a qualifiées de « diktats internationaux ».

Sans surprise, le premier ministre israélien a donc mis à bas l’initiative française, préparée depuis trois mois, d’organiser une réunion transpartisane à Paris, associant les Etats-Unis, des Etats arabes et l’Union européenne, pour tenter de relancer le processus de paix au point mort depuis 2014.

Proposition israélienne

« La position israélienne était connue », a commenté de manière lapidaire M. Valls lundi soir à Jérusalem. Afin de ne pas apparaître comme le seul fossoyeur d’une tentative de dialogue, M. Nétanyahou a néanmoins proposé à Paris d’organiser « une initiative française différente », qui consisterait en une rencontre bilatérale entre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et lui, le tout sous égide française. « Paris serait un endroit merveilleux pour signer un accord de paix. A une différence près : je serai seul assis face à face avec le président Abbas, à l’Elysée ou là où il vous plaira », a déclaré avec un sourire le premier ministre israélien.

M. Valls a répondu poliment avoir « entendu la proposition » et il a promis d’en faire état à François Hollande. Mais la perspective d’une telle réunion parisienne est hautement improbable. « Les Palestiniens sont dans un rapport de force tellement défavorable qu’ils ne veulent pas se retrouver seuls face aux Israéliens », a confié une source française. « La proposition de Nétanyahou n’est pas une proposition, mais la réitération d’une position israélienne connue de longue date », a résumé l’entourage de M. Valls.

La réunion du 3 juin à Paris, sans les Israéliens ni les Palestiniens, mais en présence du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, aura donc lieu comme prévu. Mais son débouché politique et diplomatique est déjà largement compromis. « La question maintenant est de bâtir le coup d’après, avec une autre conférence à l’automne. A ce stade, tout reste ouvert », a commenté Matignon. « Il y a un cadre possible pour discuter, reste à en déterminer les contours exacts, mais il faut essayer d’avancer. La situation des Palestiniens est suffisamment inquiétante pour justifier des initiatives », a conclu M. Valls, qui s’est également rendu lundi en Cisjordanie, à Bethléem, avant d’achever son voyage, mardi, par une dernière étape à Ramallah, où il doit rencontrer le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah.

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