A Paris, le 2 juin. | PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Après plusieurs jours de pluies exceptionnelles, les inondations, qui ont fait un mort jeudi en Seine-et-Marne, département en alerte rouge, se sont déplacées vers Paris où la crue de la Seine devrait atteindre vendredi un pic à près de 6 mètres. Conjuguées aux mouvements sociaux, les inondations perturbent les transports et la circulation, à pratiquement une semaine de l’Euro de football organisé en France.

Vendredi matin, la Seine-et-Marne où plus de 7 600 personnes ont été évacuées, était toujours le seul département en vigilance rouge, tandis que douze étaient en vigilance orange (le reste de l’Île-de-France, le Cher, l’Indre, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher et le Loiret).

  • Au moins deux morts liées aux inondations

Un cavalier a été « emporté par les eaux » de l’Yerres à Évry-Grégy-sur-Yerre, selon la préfecture de Seine-et-Marne. Le cheval a pu regagner la berge mais le corps de l’homme de 74 ans a été retrouvé deux heures plus tard par les pompiers, en aval de la rivière, ont précisé les gendarmes. Dimanche, un enfant de trois ans est décédé dimanche dans l’Yonne, dans le sous-sol du pavillon familial, inondé après les intempéries du week-end.

Mercredi, le corps d’une femme de 86 ans avait été retrouvé dans son pavillon inondé, toujours en Seine-et-Marne. Après des versions contradictoires, une autopsie est prévue vendredi pour déterminer si son décès est lié aux inondations.

  • 20 000 personnes évacuées dans tout le pays

Au total, depuis le début des fortes pluies le week-end dernier, 20 000 personnes ont été évacuées et mises à l’abri par les services de secours, au cours de 16 000 interventions réalisées sur l’ensemble du territoire, selon les autorités. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a remercié jeudi soir « les 3 000 sapeurs-pompiers, les 250 militaires de la sécurité civile et l’ensemble des agents de l’Etat engagés depuis maintenant cinq jours ». Un peu plus de 19 000 foyers étaient toujours privés de courant jeudi soir dans le Loiret et l’Ile-de-France, selon Enedis (ex-ERDF).

Manuel Valls doit se rendre vendredi après-midi Dans l’Essonne, notamment à Longjumeau dont le centre a été totalement inondé et les habitants, privés d’électricité et de chauffage, ont été évacués en barques. Face aux importants dégâts matériels constatés en amont de Paris, « l’état de catastrophe naturelle sera reconnu » dès mercredi, a promis le président François Hollande.

A Nemours, où le premier ministre Manuel Valls s’est rendu jeudi matin, le Loing a dépassé les niveaux atteints lors de la crue historique de 1910 (4,25 m) mais a lentement entamé sa décrue jeudi.

  • La Seine attendue à son plus haut niveau à Paris

Inondations : les images de la Seine en crue à Paris
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Malgré des annonces de baisse des eaux « lentes » sur la quasi-totalité des affluents de la Seine en amont de Paris, la capitale devrait connaître, vendredi 3 juin, une journée compliquée. Le maximum de la crue y est attendu dans la matinée et devrait atteindre entre 5,30 et 5,90 mètres à l’échelle de mesure d’Austerlitz, selon le site « Vigiecrues » du ministère de l’environnement. Elle s’approchera ainsi des 6,18 mètres atteints lors des inondations de 1982, mais restera loin de la « grande crue » de 1910 avec ses 8,62 mètres.

En fait, le niveau pourrait dépasser les 6 mètres tant les apports des différents affluents restent conséquents. Les crues très importantes, pour certaines supérieures au niveau de 1910, comme sur le Loing et son affluent l’Ouanne, se déplacent vers l’aval, vers la Seine. De nombreux tronçons étaient toujours, jeudi soir, en vigilance orange, seul le Loing étant en vigilance rouge, signe d’une menace directe sur la sécurité des personnes et des biens.

Le niveau de 5,50 mètres autorise le déclenchement du plan Neptune – il consiste notamment en la mobilisation de 10 000 militaires appelés à prendre le relais d’autres forces, pompiers, agents de police, pour la surveillance de sites, ou l’installation de ponts par exemple. Mais il est peu probable que celui-ci soit mis en œuvre par le gouvernement.

  • Branle-bas de combat dans les musées parisiens

Dans les grands musées parisiens le long de la Seine, c’était le branle-bas de combat jeudi pour mettre une partie des collections à l’abri, exercice auquel ils se préparent depuis plusieurs années.

Musée le plus visité au monde, le Louvre sera fermé vendredi pour évacuer « à titre préventif » des oeuvres stockées dans ses réserves, alors que sur la rive opposée, le musée d’Orsay a annulé sa nocturne de jeudi pour mettre en place un « plan de protection ». La Bibliothèque nationale François-Mitterrand sera également fermée au public, même si elle assure qu’aucune oeuvre n’est menacée.

  • Les transports perturbés

A la grève qui affecte une partie du trafic s’ajoutent les intempéries. L’ensemble des sections parisiennes du RER C, qui longe la Seine, est fermé depuis jeudi 16 heures. Selon la SNCF, la circulation ne reprendra pas avant lundi matin. « Les trains venant des terminus de la ligne C s’arrêtent à Javel d’un côté (ouest), à Austerlitz de l’autre (est), et Henri-Martin au nord », a précisé Alain Krakovitch, directeur général de Transilien. La montée du niveau de l’eau se traduit déjà par des infiltrations et pourrait, si un seuil de 5,70 m était franchi, entraîner « un envahissement du tunnel » emprunté par le RER C, a pour sa part indiqué Didier Bense, directeur général SNCF-Réseau pour l’Ile-de-France. Des ouvertures de ventilation pratiquées entre Musée d’Orsay et Saint-Michel devaient être obturées jeudi après-midi avec des plaques boulonnées de l’extérieur par des équipes spécialisées, a-t-il détaillé.

Les inondations ont aussi causé des perturbations dans les transports franciliens (RER B, D, E et Tramway). Aucun train Transilien, Intercités ou TER ne circulait ainsi jeudi entre Paris-Montparnasse et Versailles-Chantiers, la SNCF espérant « un retour à la normale » d’ici à lundi. La ligne N, en particulier, est totalement interrompue à la hauteur de Meudon en raison d’un risque d’éboulement, et des travaux sont en cours. La ligne P, au départ de la gare de l’Est, est également submergée et coupée entre Marles-en-Brie et Coulommiers, selon la SNCF, qui a ouvert une salle de crise fonctionnant nuit et jour. Du côté de la RATP, on n’annonce pour l’instant aucune perturbation sur le trafic du métro parisien.

Les inondations ont aussi rendu impossible la circulation aux abords d’Orléans, dans le Loiret. Deux sections de l’A10, coupée depuis mardi matin, ont été localement rouvertes jeudi soir mais l’accès à l’autoroute est toujours interdit après la barrière de péage de Saint-Arnoult (Yvelines).