A l’unisson de François Hollande et de Manuel Valls, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a lancé, mercredi 15 juin, un appel solennel à la CGT pour qu’elle fasse une « pause dans les manifestations ».

« Dix manifestations ont eu lieu, chacune s’est terminée par la violence », a déploré le député de Paris, invité de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP. Estimant que la centrale syndicale était « instrumentalisée » par les casseurs, il lui a demandé de « prendre ses responsabilités ».

Mardi 14 juin, le cortège parisien, organisé à l’appel de la CGT et de trois autres syndicats contre le projet de loi travail, a été émaillé de plusieurs scènes de violence. Des casseurs ont notamment pris pour cible l’hôpital Necker qui soigne les enfants et l’Institut national des jeunes aveugles.

« Quand la CGT discute avec la préfecture de police, elle refuse les préconisations de la préfecture de police, sur le parcours, la longueur, la façon de l’organiser », a déploré M. Cambadélis. A ses yeux, cela suffit : « Il y a trop de violence en France, cette violence doit être jugulée. »

Plus tôt dans la journée, Manuel Valls avait appelé Philippe Martinez, le leader de la CGT, à « ne plus organiser » de grandes manifestations à Paris en réitérant son refus de bouger sur le projet de loi. Jean-Christophe Cambadélis se montre un peu plus souple. Il voit encore une « fenêtre », pour corriger le texte : le débat à l’Assemblée nationale.

Mais si aménagements il doit y avoir, ils seront ténus. Le texte « peut toujours évoluer » a en effet précisé le premier secrétaire du PS, mais « il ne doit pas être dénaturé. La CGT nous demande de casser le compromis passé entre le gouvernement et les syndicats réformistes. Et ça, c’est inacceptable ».

Le bras de fer avec la CGT s’inscrit dans un climat délétère à gauche. Mercredi, trois adhérents du Parti socialiste ont été déboutés par le tribunal de grande instance de Paris de leurs demandes visant à obtenir de leur formation politique l’organisation d’une primaire.

Samedi, un conseil national doit décider de la marche à suivre. Le chef de file des frondeurs, Christian Paul, ainsi que la députée Karine Berger réclament un engagement clair du PS dans un processus « irréversible », assorti d’un calendrier.

Jean-Christophe Cambadélis se montre beaucoup moins allant. Il craint que cette précipitation ne ferme définitivement la porte à une primaire de toute la gauche. « J’appelle les communistes, les écologistes, les socialistes, à se rassembler », a-t-il lancé sur LCP en se réservant la possibilité, dans le cas contraire, de convoquer « un congrès extraordinaire pour modifier les statuts du PS » et dispenser ainsi François Hollande de l’exercice.

« Nombre de ténors de la gauche, du premier ministre Manuel Valls à l’ancienne première secrétaire Martine Aubry en passant par l’ancienne garde des sceaux Christiane Taubira, considèrent qu’un président de la République n’a pas à [repasser] par la case primaire », a-t-il fait valoir.

Selon M. Cambadélis, « la gauche se comporte aujourd’hui comme si elle avait fait une croix sur la présidentielle, et que l’objectif n’était pas de la gagner mais de savoir qui de la gauche réformiste ou de la gauche radicale sortirait gagnante du match ». Pour lui, ce genre de calcul est absurde : « Les électeurs de gauche sont unitaires, contrairement à ce que pensent les appareils », assure-t-il.

Mettant la grande impopularité de François Hollande sur le compte d’« une exaspération plurielle », il assure qu’à l’approche de la présidentielle la gauche finira par se ressouder contre le candidat de la droite.

Il voit dans l’affrontement entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé l’expression de « la crise stratégique et identitaire » qui secoue le parti Les Républicains. « Au fond la droite ne sait pas comment répondre à l’équation politique, constate-t-il, certains estiment qu’il faut être au centre, d’autres qu’il faut emprunter au Front national. »

Selon lui, Alain Juppé « n’a pas tué le match et se balladurise » tandis que Nicolas Sarkozy « reprend du poil de la bête et est en train de se réinstaller dans le match ». Il en déduit que la compétition entre les deux hommes sera féroce.