Le président sortant Joël Mergui a obtenu 156 voix contre 42 pour Evelyne Gougenheim, première femme candidate à ce poste. | MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

Joël Mergui a été largement réélu, dimanche 19 juin, à la présidence du Consistoire central, l’instance de représentation religieuse du judaïsme français, première communauté juive d’Europe, à l’issue d’une campagne marquée par une candidature féminine inédite.

Le président sortant, 58 ans, a obtenu 156 voix contre 42 à Evelyne Gougenheim, 60 ans, première femme candidate à un tel poste à la tête d’une institution juive française, a-t-on appris de source proche du Consistoire. Il y a eu cinq abstentions.

« Je vous demande de me donner la force et le pouvoir pour les quatre prochaines années », avait déclaré Joël Mergui en fin de matinée devant l’assemblée générale du Consistoire central, mettant en avant son « expérience », selon un participant. Joël Mergui fera ainsi un troisième mandat.

« La force de notre institution est d’accueillir tous les juifs, quels qu’ils soient, et de ne pas sectoriser, ni morceler la communauté, surtout à un moment où notre liberté et notre sécurité sont menacées », a-t-il dit après son élection, selon un discours transmis par son entourage, faisant allusion aux actes antisémites et aux attentats djihadistes. « Nous ne laisserons personne décider pour nous de notre destin. »

Projet pharaonique

Evelyne Gougenheim avait rappelé dimanche matin son souci de « transparence » et de « démocratie », soulignant sa volonté d’« investir dans les hommes plutôt que dans la pierre ». Allusion au projet porté par Joël Mergui – controversé, car jugé pharaonique à l’heure où des juifs quittent la France par milliers – de Centre européen du judaïsme (CEJ), qui doit être inauguré dans le courant de 2017 dans le 17e arrondissement de Paris.

Le Consistoire, soumis à une double autorité – un laïc, le président, et un religieux, le grand rabbin de France, tous deux élus par une assemblée générale de trois cents grands électeurs – gère quelque quatre cents synagogues et les affaires religieuses (cacherout, conversions, mariages...) du courant central, traditionaliste et orthodoxe du judaïsme français. Certaines sensibilités ne sont pas sous sa juridiction, notamment le mouvement massorti (« traditionaliste ») et les loubavitchs (hassidiques).