John Allen, membre du parti europhobe UKIP, vit à Solihull, une banlieue cossue près de Birmingham. Il a vécu dans le sud de la France après la vente, en 2000, de son entreprise de camions-poubelles, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de François Hollande. Quand il a été élu, « je suis rentré. Je savais que tout irait de travers ». | Eric Albert / Le Monde

John Allen a une passion chevillée au cœur : sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne. Ce conservateur de longue date, qui ne supporte pas la modération politique de David Cameron, a fini par prendre il y a deux ans sa carte du UKIP (United Kingdom Independence Party, europhobe). « Nous avons perdu le contrôle de notre pays et de nos frontières. Nous voulons retrouver notre démocratie », dit-il.

Pour lui qui habite Solihull, une banlieue cossue à une trentaine de kilomètres de Birmingham, où les jolis pavillons se succèdent dans la campagne verte, l’immigration est l’ennemi numéro 1. Une crainte qu’il résume d’une formule : « Je ne veux pas que Solihull devienne comme Bradford [ville où habite une forte minorité originaire du Pakistan]. » Quel rapport entre l’immigration pakistanaise et l’UE ? « Vous ne voyez pas que tout cela fait partie du même problème ! C’est notre identité qui est en danger. »

Pour lui, l’arrivée de l’immigration européenne, avec l’ouverture des frontières aux pays d’Europe de l’Est lors de leur adhésion à l’Union européenne, en 2004, est un complot de Tony Blair, alors premier ministre. « Il voulait remplir le pays d’étrangers qui voteraient ensuite travailliste. Mais l’ampleur du mouvement l’a complètement dépassé. »

« J’adore la France »

Cravate impeccable, pochette qui dépasse de la poche, costume à rayures : à 77 ans, M. Allen prend soin de son apparence, complétée par une énorme moustache et un sourire carnassier. L’ancien entrepreneur a fait fortune avec une entreprise de camions-poubelles, qui avait 280 employés quand il l’a vendue en 2000. Il a ensuite pris sa retraite au cap Ferrat, en France. « J’adore la France, mais, quand François Hollande est devenu président, je suis rentré. Je savais que tout irait de travers. »

Tout en précisant que le Front national et le UKIP sont différents, il ne cache pas une certaine sympathie pour Marine Le Pen. « Le Parti socialiste et la droite française s’allient pour lui faire barrage. Mais on ne peut pas interdire à 30 % de la population de s’exprimer trop longtemps. Un jour, ça va éclater. »

L’Union européenne n’a-t-elle pas au moins aidé son entreprise grâce à la création du marché unique, sans droits de douane ? « Nous nous sommes plusieurs fois rendus en France pour présenter nos produits. Mais les collectivités locales françaises s’arrangeaient toujours pour avoir des règles en place qui favorisaient les fournisseurs français. La France ne respecte pas les règles de l’UE, alors que les Britanniques sont trop naïfs. » Mais, surtout, la question économique est pour lui secondaire. « Le camp du “remain” ne parle que d’argent. La souveraineté est bien plus importante. »