Deux personnes ont été tuées et six personnes blessées par balle, lundi 6 juin, à Kisumu, dans l’ouest du Kenya, alors que la police dispersait une manifestation de l’opposition réclamant la dissolution de la commission électorale, selon des témoins et la Croix-Rouge.

Les deux victimes portaient des traces de blessures par balle, selon des témoins. La police n’a pas réagi à ces accusations. La première victime a été placée par des jeunes devant la morgue d’un hôpital de Kisumu, selon un correspondant de l’AFP. La seconde a été déposée au milieu d’une route alors que de violents affrontements opposaient les manifestants à la police.

« Ce n’est pas juste. La police ne peut pas tirer sur les gens à chaque fois qu’ils exercent leurs droits. Cet homme a été tué par balles alors qu’il manifestait », a affirmé Michael Omondi, un participant, depuis cette ville acquise à l’opposition et jouxtant le lac Victoria.

« La dernière fois, ils ont tué quelqu’un et prétendu qu’il s’était blessé en tombant. Que vont-ils dire aujourd’hui après la mort de cet homme ? Parce que, clairement, on lui a tiré dessus », a insisté un autre habitant de Kisumu, Charles Otieno.

Dès que les manifestants de Kisumu ont pris connaissance des deux décès, des heurts violents ont éclaté avec la police anti-émeutes dans le bidonville de Kondele, en périphérie de Kisumu. Des magasins ont été pillés et deux supermarchés, détruits. Les policiers ont utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour essayer de disperser des jeunes qui leur jetaient des pierres.

Dialogue inabouti

Depuis le 25 avril, plusieurs manifestations contre la commission électorale ont été organisées par l’opposition et des organisations de la société civile qui dénoncent sa partialité en faveur du camp au pouvoir et son incapacité à garantir l’équité lors du scrutin présidentiel en août 2017.

Kenya : un manifestant roué de coups par la police
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L’élection devrait opposer une nouvelle fois l’actuel président Uhuru Kenyatta, 54 ans, au chef de l’opposition, Raila Odinga, 71 ans.

Le 23 mai, trois manifestants avaient été tués dans l’ouest du Kenya, selon la police : deux par balles par les forces anti-émeutes à Siaya, et le troisième était décédé après avoir chuté en fuyant les gaz lacrymogènes à Kisumu. L’opposition avait décidé deux jours plus tard de suspendre les manifestations pour ouvrir le dialogue avec le gouvernement. Mais les discussions n’avaient pas abouti et la coalition d’opposition (CORD) avait donc décidé de retourner dans la rue.

La Haute Cour kényane, saisie par des députés de la majorité qui souhaitaient faire interdire les manifestations, n’a pas accédé à leur requête. Elle a demandé lundi à la police de respecter le droit des opposants à manifester, tout en garantissant l’ordre public.

Sitôt la décision de la Haute Cour rendue, des manifestants se sont rassemblés en fin de matinée à Uhuru Park, au centre de Nairobi, où ils attendaient d’être rejoints par les dirigeants de l’opposition pour marcher vers les locaux de la Commission électorale.