La Cour européenne des droits de l’homme a rejeté la requête d’ONG de défense des réfugiés qui tentaient de bloquer la mesure de renvoi en Turquie d’un Syrien débouté de sa demande d’asile en Grèce. La juridiction strasbourgeoise a précisé à l’Agence France-Presse qu’il s’agit de la première affaire du genre à lui avoir été transmise dans le cadre de l’accord conclu entre l’Union européenne et Ankara sur les migrants, entré en vigueur fin mars. Le recours en procédure d’urgence, qui visait à geler cette expulsion, avait été introduit jeudi 2 juin par trois avocats coopérant avec le Conseil grec pour les réfugiés et l’ONG Pro Asyl. La décision de la Cour a été prise le même jour.

Ce dossier concerne un Syrien de 46 ans, qui affirme être homosexuel et avoir fait l’objet en Turquie, où il travaillait dans l’industrie pétrolière, de menaces de membres de l’organisation de l’Etat Islamique (EI). Arrivé sur l’île de Lesbos après le 20 mars, il avait demandé l’asile en Grèce pour échapper au renvoi sur le sol turc. Il a été débouté en première instance et en appel. Selon l’agence de presse hellène Ana, la justice s’est prévalue du fait qu’il avait vécu plusieurs années à Istanbul pour estimer qu’il n’y était pas en danger. Cette expulsion est la première rendue publique depuis l’entrée en vigueur de l’accord UE-Ankara.

Ce pacte destiné à tarir les traversées de migrants des côtes turques vers les îles grecques de la mer Egée orientale, permet le renvoi en Turquie des migrants, y compris demandeurs d’asile syriens, arrivés en Grèce après le 20 mars. Depuis cette date, 411 personnes ont été renvoyées, en majorité des Pakistanais, mais aucune n’avait officiellement demandé l’asile. Les humanitaires contestent cet accord, invoquant des déficiences turques en matière de protection des réfugiés. Athènes s’affirme déterminée à l’appliquer, procédant à une étude cas par cas des dossiers. Selon l’exécutif grec, il a permis de drastiquement réduire les arrivées en mer Egée.