Pierre Gattaz, à Paris, le 2 juin 2016. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

La CGT vient de riposter sur le terrain judiciaire aux propos très virulents que le président du Medef, Pierre Gattaz, a récemment tenus contre elle dans nos colonnes. Jeudi 2 juin, MEmmanuel Gayat, l’un des avocats de la confédération, a indiqué que celle-ci va faire citer directement « le patron des patrons » du chef de diffamation publique. Une première audience de procédure devrait avoir lieu le 4 août devant la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny. L’audience de plaidoirie, elle, au cours de laquelle seront examinés les faits, pourrait se dérouler avant la fin de l’année, précise Me Gayat.

Dans un entretien au Monde, M. Gattaz s’en était pris au rôle joué par la CGT et par son secrétaire général, Philippe Martinez, dans la contestation contre le projet de loi travail. Evoquant les actions de blocage et les arrêts de travail dans plusieurs secteurs d’activité (transports, distribution de carburant), le président du Medef avait estimé que de telles méthodes, employées par « la CGT en particulier (…) bafouent les lois républicaines ». D’après lui, ces agissements sont le fait de « minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes ». La CGT a une conception du dialogue social qui a recours « au chantage, aux violences, à l’intimidation, à la terreur », avait ajouté M. Gattaz.

Parler de « terroriste » était « inadapté »

Mercredi 1er juin, le président du Medef est revenu sur certaines de ses déclarations, reconnaissant que parler de « terroriste » était « inadapté ». « Ce mot a été mal compris et peut choquer, notamment les personnes qui ont été touchées par les événements récents qui ont endeuillé notre pays », a-t-il dit dans un communiqué. Il a néanmoins maintenu l’idée selon laquelle « la prise d’otage économique revendiquée par la CGT s’apparente à des méthodes de voyous insupportables ».

M. Martinez, qui avait fait part, dès mardi 31 mai, de son intention de saisir les tribunaux, a mis sa menace à exécution. « La comparaison avec les terroristes est, dans le contexte actuel, particulièrement infamante », argumente Me Gayat dans la citation directe. Et il « est particulièrement ignoble », à ses yeux, de prétendre que la centrale de Montreuil bafoue les lois républicaines dans la mesure où celle-ci fut membre du Conseil national de la Résistance, participant ainsi « au rétablissement de la légalité républicaine » à la Libération.

En réparation du « préjudice considérable » infligé à la CGT, Me Gayat demande 10 000 euros de dommages et intérêts ainsi que la publication à la « Une » du Monde, dans trois éditions successives, d’un communiqué judiciaire sur la condamnation de M. Gattaz. Sollicité par Le Monde, le Medef a indiqué qu’il n’exprimera « pas de réaction particulière » sur cette action en justice de la CGT.

En revanche, M. Gattaz a dénoncé le blocage, mercredi 1er juin, pendant quelques heures, d’un site de Radiall – l’entreprise qu’il dirige – à Voreppe (Isère). « Par cette action, la CGT vise à faire pression sur tous les chefs d’entreprise pour les faire taire, s’est-il indigné. Je vais porter plainte. » Entre le président du Medef et l’organisation de M. Martinez, la réconciliation n’est pas encore à l’ordre du jour.