Jean-Pierre Bemba le 21 juin 2016. | MICHAEL KOOREN / AFP

Il avait été reconnu coupable, mais on ignorait encore la nature de sa peine. L’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba a été condamné, mardi 21 juin, à dix-huit ans de prison par la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Riche homme d’affaires devenu chef de guerre, le Congolais a été déclaré responsable de la vague de meurtres et de viols commis par sa milice en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003. Dans ce pays où ils s’étaient rendus pour soutenir le président Ange-Félix Patassé face à une tentative de coup d’Etat menée par le général François Bozizé, quelque 1 500 hommes du Mouvement de libération congolais (MLC) ont tué, pillé et violé.

C’est la première fois que la Cour condamne un chef militaire en vertu du principe de la « responsabilité du commandant », et qu’elle retient l’utilisation de viols et violences sexuelles en tant que crimes de guerre. Selon le verdict rendu en mars par la CPI, Jean-Pierre Bemba n’a pas pris « toutes les mesures nécessaires et raisonnables » pour éviter ces crimes alors qu’il disposait d’un « contrôle effectif » sur ses hommes.

« Mobutu miniature »

Jean-Pierre Bemba, 53 ans, est le fils d’un riche homme d’affaires proche de l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko. Surnommé le « Mobutu miniature », ce colosse de 1,90 m au visage rond, intraitable et autoritaire, avait créé et dirigé le MLC en République démocratique du Congo, après avoir quitté Kinshasa en 1999 à la suite de la prise du pouvoir par le chef rebelle et père de l’actuel président Laurent-Désiré Kabila.

Sa milice a régné en maître dans la région de l’Equateur et une partie du nord-est du pays. A la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), le chef de guerre est devenu vice-président du gouvernement de transition de Joseph Kabila de juillet 2003 à décembre 2006 après avoir perdu au deuxième tour de l’élection présidentielle contre ce dernier.

Installé en Europe, il a été arrêté à Bruxelles en 2008 pour être remis à la CPI, où il a plaidé non coupable tout au long de ce procès ouvert en novembre 2010.