Pour la directrice générale du FMI, Christine Lagarde (ici le 13 mai à Londres), « la loi El Khomri est un pas de plus, nécessaire, vers un marché du travail plus dynamique ». | PETER NICHOLLS / AFP

A priori, c’est un constat que ne renierait pas François Hollande. « L’économie française va mieux », a indiqué le Fonds monétaire international (FMI), mardi 24 mai, en conclusion de sa mission de consultation dans l’Hexagone. Réalisé tous les ans, ce travail vise à ausculter les économies de chacun des pays membres du Fonds, à travers des échanges avec le gouvernement, le Trésor, etc. Les experts du FMI, dépêchés durant quinze jours en France, ont terminé leur tournée à Bercy mardi matin.

S’il reconnaît que « les politiques [publiques] ont progressé dans les dernières années, notamment grâce aux baisses de charges sur le travail et aux réformes structurelles à même d’améliorer la concurrence », le Fonds souligne néanmoins, comme les années précédentes, que « des efforts majeurs sont encore nécessaires pour dynamiser la création d’emplois et remettre les finances publiques sur une trajectoire plus soutenable ». Le FMI recommande notamment à Paris de limiter la croissance des dépenses publiques au niveau de l’inflation (elle est actuellement nulle), mais aussi de faire des efforts pour « rationaliser la fonction publique ».

Venir à bout du chômage structurel

L’institution dirigée par Christine Lagarde souligne également que « la loi El Khomri est un pas de plus, nécessaire, vers un marché du travail plus dynamique » et que la France fait « des efforts pour contenir les dépenses du gouvernement tout en allégeant le fardeau fiscal ». Mais elle préconise de compléter les réformes du marché de l’emploi, en renforçant les incitations à chercher du travail et en adaptant le système éducatif et de formation. Autre recommandation : assouplir la réglementation pour les start-up et les travailleurs indépendants, « comme l’envisage l’avant-projet de loi Sapin II », et ouvrir davantage l’accès aux professions réglementées.

Enfin, le rapport du FMI suggère d’encourager les banques et les assureurs à adapter leur business model dans un environnement de croissance faible et de taux bas, « y compris à travers des réductions de coûts et […] une consolidation au niveau de la zone euro ».

Certaines recommandations de l’année dernière ont disparu de l’analyse du FMI : c’est le cas de la nécessité de mettre en place des accords de négociation du temps de travail au niveau de l’entreprise, prévus dans la loi El Khomri. En revanche, les experts insistent sur ce que la France doit encore faire, selon eux, pour venir à bout du chômage structurel qui caractérise le pays.

Plusieurs facteurs ont rendu le marché du travail moins adaptable à l’économie mondiale que celui de certains de ses voisins, estime l’institution de Washington : des accords sur le travail centralisé dans quelque 700 branches professionnelles ; des procédures judiciaires de licenciement longues et incertaines ; un accès relativement facile aux prestations chômage et à l’aide sociale, et un salaire minimum relativement élevé. En cela, le diagnostic du FMI ne varie guère par rapport aux années précédentes.