Le 3 octobre 1980, un attentat devant une synagogue avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés rue de Copernic à Paris. | STF / AFP

La cour d’appel de Paris a ordonné mardi 24 mai le retour en détention d’Hassan Diab, le principal suspect de l’attentat de la rue Copernic à Paris. L’homme avait été remis en liberté et assigné à résidence il y a une dizaine de jours sur décision d’un précédent magistrat. Cette mesure avait été contestée par le parquet.

Extradé du Canada en novembre 2014, M. Diab, 62 ans, est mis en examen en France comme auteur présumé de cette attaque, qui avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés le 3 octobre 1980 devant une synagogue de l’ouest de la capitale.

Le 12 mai, une juge des libertés et de la détention (JLD) avait considéré qu’un « doute » était posé sur la « question fondamentale » de savoir si le suspect était en France le jour de l’attentat, après des auditions avec l’intéressé et son ex-épouse.

Le retour en prison de M. Diab est « très injuste », a réagi mardi son avocat Me William Bourdon, dénonçant « une forme de judiciairement correct en matière de terrorisme ». « Sur le fond, nous sommes absolument convaincus de sa culpabilité. La défense aura du mal à détruire ce dossier », a affirmé pour sa part l’un des conseils des parties civiles, Me Bernard Cahen.

Demande de nouvelles investigations

Il y a un mois, devant le juge d’instruction, son ex-épouse, Nawal Copty, est venue conforter la version de l’accusé. Elle a raconté qu’il l’avait bien accompagnée à l’aéroport de Beyrouth, au Liban, le 28 septembre 1980. A cette date, le possesseur d’un passeport au nom d’Hassan Diab se trouvait déjà en Europe d’après les tampons sur le document.

Ce passeport, retrouvé dans les effets d’un autre homme arrêté en 1981 à Rome, est l’une des pièces à charge. Y figurent les validations d’entrée et de sortie d’Espagne avant et après l’attentat. Or, d’après les renseignements obtenus par la Direction de la surveillance du territoire (DST) en 1999, qui mettaient en cause Hassan Diab, les membres du Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS) ayant commis l’attaque avaient fait étape à Madrid avant de gagner la France.

Quelques jours avant la décision de la JLD, le magistrat en charge de l’enquête avait aussi accepté une remise en liberté, aussitôt suspendue par le parquet. Et la cour d’appel avait déjà confirmé la détention. Le juge d’instruction relevait que le témoignage de l’ex-épouse de M. Diab, bien que tardif et sujet à caution, nécessitait de nouvelles investigations, notamment au Liban, et reposait la question du maintien sous écrou.

Outre les renseignements de la DST, la demande d’extradition française s’appuyait sur la ressemblance du suspect avec des portraits robot de l’époque et sur des comparaisons d’écriture d’Hassan Diab avec une fiche d’hôtel, remplie par l’homme qui avait acheté la moto sur laquelle était installé l’explosif. Des éléments très contestés par la défense.