Principale raison de l’accélération de la croissance française, l’investissement des entreprises. | PHILIPPE HUGUEN / AFP

C’est une demi-surprise. La croissance du produit intérieur brut (PIB) français devrait finalement atteindre 1,6 % cette année, a indiqué l’Insee, jeudi 16 juin. Jusqu’ici, l’institut de statistiques, de même que le gouvernement tablaient sur une hausse de 1,5 %. Mais le bon chiffre de progression du PIB au premier trimestre, dévoilé fin avril (+ 0,6 %), et les perspectives relativement solides pour la suite de l’année, ont incité les statisticiens à relever leurs prévisions.

« La croissance a gagné du tonus au premier trimestre 2016. Elle se diffuse [désormais] à l’emploi et, de ce fait, commence à s’autoentretenir », a indiqué Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l’Insee.

Le PIB français devrait toutefois augmenter de seulement 0,3 % au deuxième trimestre et poursuivre sur un « rythme modéré » au second semestre, progressant de 0,3 % au troisième trimestre et de 0,4 % au quatrième, anticipe l’Insee dans sa note de conjoncture, dont le scénario ne prend, toutefois, pas en compte l’hypothèse d’un « Brexit » (sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne).

Le taux de chômage, lui, devrait reculer, grâce à la création de quelque 210 000 emplois supplémentaires en 2016. Mais seulement de façon modérée, passant de 10,2 %, fin mars, à 9,8 %, en fin d’année.

« Fondamentaux robustes »

« L’Insee confirme la réalité d’une reprise économique, qui, depuis plus d’un an, s’appuie sur des fondamentaux robustes. Les efforts accomplis par les Français et la politique conduite par le gouvernement portent leurs fruits (…). Ces prévisions nous incitent à continuer à mettre en œuvre nos politiques de soutien à l’activité, à l’emploi et au pouvoir d’achat », s’est empressé de se réjouir Michel Sapin, le ministre des finances.

Principale raison de l’accélération de la croissance française, l’investissement. Celui des entreprises d’abord, qui devrait augmenter de 4,7 % en 2016, un niveau « inédit depuis 2007 », a souligné l’Insee.

En la matière, « quasiment tous les déterminants sont au vert », s’est réjoui M. Passeron : taux de marge quasiment revenus au niveau d’avant-crise, conditions de financement facilitées, grâce à la politique de taux bas menée par la Banque centrale européenne (BCE) et « perspectives de demande dégagées ».

L’investissement des ménages, ensuite, c’est-à-dire le logement, qui permet un « dégel » du secteur de la construction : l’activité devrait y croître de 0,3 % cette année, après deux années de fort recul (- 2,2 %).

Seul point noir, le commerce extérieur

Autre point positif, la consommation des ménages. Après avoir été le premier moteur du début de reprise français en 2015, elle a continué à nettement rebondir au premier trimestre 2016 (+ 1 %), tirée par les dépenses en chauffage et les achats de billets pour l’Euro 2016 de football. Elle devrait progresser de 1,6 % au total sur l’année, après + 1,5 % en 2015.

Le pouvoir d’achat devrait continuer à progresser à « un rythme soutenu » (+ 1,7 % après + 1,6 % en 2015), malgré la légère reprise de l’inflation, attendue à + 0,7 %, fin décembre, en raison de la légère remontée des prix du pétrole.

Seul point noir dans ce contexte : le commerce extérieur, qui devrait peser durement sur l’activité, contribuant négativement à la croissance, à hauteur de 0,7 point de PIB. « Depuis trois trimestres, les exportations marquent le pas, avec la dissipation progressive des effets de la baisse de l’euro et la faiblesse persistante de la demande en provenance des pays émergents », note l’Insee.

L’institut, qui souligne les conséquences positives de la politique économique du gouvernement depuis trois ans (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, pacte de responsabilité, prime à l’embauche…), a toutefois jeté une lourde pierre dans le jardin du gouvernement de François Hollande – et de son prédécesseur –, en donnant des chiffres sur l’incidence des hausses d’impôt passées (2011 à 2013).

Celles-ci ont pesé sur la croissance hexagonale à hauteur de 0,7 point de pourcentage en 2015 et devraient encore la grever de 0,4 point en 2016, alors que les mesures d’allégements du coût du travail ne doperont la hausse du PIB que de… 0,3 point de pourcentage.