Le temps de l’appel est finalement arrivé pour la « Veuve noire » de l’Isère. A aujourd’hui 55 ans, Manuela Gonzalez revient se défendre du meurtre de son dernier mari devant la cour d’assises de la Drôme, lundi 23 mai. Et ce deux ans après avoir été condamnée à trente ans de prison par celle de l’Isère.

Son époux, Daniel Cano, avait été retrouvé calciné le 31 octobre 2008, sur la banquette arrière de son véhicule incendié, non loin de sa maison en Isère. L’enquête avait rapidement conclu à un incendie volontaire et les analyses toxicologiques avaient révélé la présence de somnifères dans le sang de la victime.

« Le noir vous va très bien »

Les circonstances de ce décès rappellent étrangement l’intoxication de quatre autres des compagnons de Mme Gonzalez, ce qui lui avait valu son surnom de « Veuve noire », du nom de l’araignée venimeuse qui mange le mâle après l’accouplement.

Avant Daniel Cano, deux des hommes de sa vie avaient été hospitalisés dans un état grave, deux autres étaient morts. Le décès du premier, en 1989, avait été considéré comme un suicide ; pour le suivant, mort en 1991, Mme Gonzalez avait bénéficié d’un non-lieu.

Condamnée à trente ans de réclusion criminelle en 2014, celle à qui l’avocat général avait lancé « C’est vrai, Mme Gonzalez, le noir vous va très bien » comparaîtra pourtant libre à partir de lundi. En détention provisoire depuis 2010, elle avait, en effet, été libérée en septembre 2015, la chambre d’instruction jugeant que le délai entre la première instance et l’appel était trop long.

« Quand on fait appel, la décision de première instance n’existe plus juridiquement. Ma cliente était donc présumée innocente et était considérée comme étant en détention provisoire », expliquait son avocat, Me Gallo, au moment de sa libération. « Détention provisoire qui durait donc depuis cinq ans et trois mois. »