Uber est déjà présent dans cinq villes saoudiennes. Les quatre cinquièmes de ses clients sont des femmes. | ROBERT GALBRAITH / REUTERS

La plus grosse jeune pousse du monde vient d’élargir à nouveau son tour de table. Uber, la société de service de voiture avec chauffeur, a annoncé, mercredi 1er juin, avoir levé 3,5 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) auprès du fonds souverain d’Arabie saoudite, le Public Investment Fund (PIF). Cet apport est réalisé sur la base d’une valorisation de 66 milliards de dollars.

Cette prise de participation répond à la volonté de l’Arabie saoudite de diversifier son économie en investissant dans des secteurs lui permettant de réduire sa dépendance au pétrole, un objectif que s’est fixé le pays dans le cadre du plan « Arabie saoudite Vision 2030 ». Grâce à cette opération, Yasir Al Rumayyan, le dirigeant du PIF, fera son entrée au conseil d’administration d’Uber.

Un peu moins de 400 000 chauffeurs au Moyen-Orient

La société est déjà présente dans cinq villes saoudiennes et indique que les quatre cinquièmes de ses clients sont des femmes, étant donné que celles-ci n’ont pas le droit de conduire dans le pays.

« Notre expérience en Arabie saoudite est un excellent exemple de la façon dont Uber peut bénéficier aux passagers, aux conducteurs et aux villes », explique le fondateur d’Uber, Travis Kalanick, ajoutant : « Nous sommes impatients de travailler en partenariat pour soutenir leurs réformes économiques et sociales. » L’un des objectifs du plan Arabie saoudite Vision 2030 consiste à doubler d’ici cette date le nombre de femmes au travail.

Sur l’ensemble du Moyen-Orient, Uber est déjà présent dans neuf pays et une quinzaine de villes et emploie un peu moins de 400 000 chauffeurs. La société entend investir dans les prochaines années plus de 250 millions de dollars dans la région.

Cet investissement saoudien constitue le plus gros montant jamais levé par Uber. Le précédent s’était en effet élevé à 2,8 milliards de dollars. La société compte désormais à son capital le fonds Black Rock, les banques Goldman Sachs et Morgan Stanley, ainsi que des sociétés de capital-risque et plusieurs investisseurs individuels. Le PIF est le deuxième fonds souverain à investir dans le groupe, après l’entrée au capital de son homologue du Qatar.

Contexte politique tendu

Avec cette nouvelle prise de participation, Uber affirme disposer d’une trésorerie et d’une dette convertible de plus de 11 milliards de dollars. De quoi élargir un peu plus son empire, qui s’étend désormais sur 460 villes situées dans 69 pays.

Mais le groupe se heurte un peu partout dans le monde à des obstacles juridiques et doit affronter des concurrents de plus en plus agressifs. C’est le cas en Chine notamment où pour le moment il ne joue que les seconds rôles face au leader du marché, Didi Chuxing. Celui-ci s’est allié avec son challenger américain, Lyft, tandis qu’Apple vient d’investir 1 milliard de dollars dans la société chinoise.

La décision du PIF intervient dans un contexte politique tendu, alors qu’une loi est actuellement en discussion au Congrès américain pour permettre de traduire les dirigeants saoudiens devant des tribunaux pour les attentats du 11 septembre 2001. Si le texte passait, l’Arabie saoudite pourrait prendre des mesures de rétorsion, en retirant ses investissements des Etats-Unis.