Le 29 avril, lors de l’assemblée générale du groupe Renault, les actionnaires – dont l’Etat – avaient rejeté à 54,12 % la rémunération de 7,2 millions d’euros, dont 1,7 million d’euros en numéraire, du PDG du constructeur français, Carlos Ghosn. | Eugene Hoshiko / AP

Le haut comité de gouvernement d’entreprise de l’Association française des entreprises privées (AFEP) et du Medef, a annoncé, jeudi 19 mai, avoir recommandé au groupe Renault « des évolutions significatives du mode de rémunération » de son dirigeant.

L’instance, créée en 2013 pour veiller au respect du code AFEP-Medef, qui concerne le gouvernement d’entreprise (rémunérations, déontologie…), précise avoir transmis ses recommandations au PDG du constructeur d’automobiles, Carlos Ghosn, et au comité des rémunérations du groupe à la suite de la polémique sur la rémunération du dirigeant de Renault en 2015.

Le 29 avril, lors de l’assemblée générale du groupe Renault, les actionnaires, dont l’Etat, avaient rejeté à 54,12 % la rémunération de 7,2 millions d’euros, dont 1,7 million d’euros en numéraire, du PDG du constructeur français, même si elle était quasi inchangée par rapport à 2014.

Réuni à l’issue de l’assemblée générale, le conseil d’administration du constructeur avait annoncé qu’il maintenait la rémunération de M. Ghosn, se félicitant de « la qualité des résultats ». Les administrateurs avaient toutefois demandé au comité des rémunérations « d’examiner les évolutions utiles de la structure de rémunération pour les années 2016 et suivantes ».

« Le haut comité estime que l’esprit du code AFEP-MEDEF et les principes de la démocratie actionnariale imposent que le conseil d’administration, après consultation des principaux actionnaires pour mieux comprendre leurs attentes, décide d’introduire des évolutions significatives du mode de rémunération, dans le sens des recommandations que le comité a formulées », peut-on lire dans le communiqué.

Discorde gouvernementale

La communication de l’AFEP et du Medef survient alors que le gouvernement se dit décidé à légiférer sur la rémunération des dirigeants des entreprises. Invité jeudi matin à l’émission matinale de la radio RTL, Manuel Valls a assuré que « maintenant, il [fallait] légiférer » sur la rémunération des dirigeants d’entreprise :

« Nous avons fait le choix dans un premier temps de mettre les entreprises face à leurs responsabilités, en l’occurrence le patronat. Force est de constater que cela n’a pas été respecté. »

Mardi, le président de la République lui-même avait brandi la menace de passer par la loi pour encadrer le salaire des patrons.

Mais, jeudi, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, est venu apporter une note discordante à ces discours : il a déclaré que la loi « [n’était] pas la bonne méthode » et que « c’est au monde économique de montrer qu’il est à la hauteur, sinon, celles et ceux qui proposent aujourd’hui une loi seront légitimes dans quelque temps à la faire ».