Si l’atome civil fournit toujours 75 % de l’électricité nationale, son industrie se délite en raison de choix stratégiques périlleux, qui mettent en cause tant l’économie que la sûreté d’une énergie devenue coûteuse. Illustration avec le projet de construction de deux nouveaux réacteurs EPR à Hinkley Point, au Royaume-Uni.

L’avenir n’est pas à la « renaissance » du nucléaire : les députés européens Yannick Jadot et Claude Turmes constatent qu’« à l’instar de la plupart de leurs homologues européens, EDF et l’Etat français ont délibérément choisi d’ignorer les évolutions du marché européen de l’électricité et de négliger la tendance à la décentralisation et à l’émergence spectaculaire des énergies renouvelables » alors que les coûts du nucléaire ont explosé. La situation de crise financière d’EDF pose la question de la sécurité des installations. Réductions de coûts et sûreté de l’exploitation du parc ne font pas forcément bon ménage.

« Grand carénage »

Pour les deux députés verts, « le gouvernement français doit renoncer à la prolongation de la totalité du parc nucléaire français et cibler le « grand carénage » sur quelques centrales seulement, ce qui permettrait d’accélérer les nécessaires investissements dans la sécurité et la sûreté » et doit investir dans les services énergétiques et les énergies renouvelables, sur le modèle de ses homologues allemand ou suédois.

Pour le député (LR) du Vaucluse Julien Aubert en revanche, « la droite doit revenir au pouvoir avec une stratégie flexible d’adaptation aux chocs externes (prix du pétrole, taux de change fluctuants, etc.) qui, à partir de la colonne vertébrale nucléaire (à réengager rapidement), laissera se diversifier le bouquet énergétique français ». L’indépendance énergétique et la préservation du modèle social français passent par « le concept d’économies d’énergie au service d’un coût « socialement acceptable » de l’énergie »« Il ne suffit pas de « vaudouiser » le gaz de schiste ou de décréter que mille éoliennes s’épanouissent pour avoir une stratégie », conclut-il.

A lire sur le sujet :

« EDF et le gouvernement se sont enfermés dans un triple déni industriel, financier et politique », par Claude Turmes, député européen et membre des Verts luxembourgeois, et Yannick Jadot, député européen et membre d’Europe Ecologie-Les Verts. A force de négliger les énergies renouvelables et de s’engager sur des projets coûteux comme l’EPR, l’électricien français mène une politique désastreuse, qui doit être entièrement repensée.

« La droite doit proposer une vision alternative de la “transition énergétique” », par Julien Aubert, député (LR) du Vaucluse. Une fois revenue au pouvoir, la droite devra se saisir de la question des sources énergétiques, un secteur dont la crise est largement due à l’incohérence du gouvernement.

A lire aussi :

EDF doit s’engager dans « un nouveau projet industriel », par Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Déboires des projets d’EPR, perte de rentabilité des réacteurs nucléaires anciens, fuite des clients professionnels, difficultés de recrutement de collaborateurs, défiance des syndicats… L’entreprise EDF est plongée dans une crise structurelle et identitaire.

« Les conditions ne sont pas réunies pour s’engager dans le projet d’Hinkley Point », par Jean-Luc Laurent, député du Val-de-Marne et président du Mouvement républicain et citoyen (MRC). Le nom d’Hinkley Point concentre l’inquiétude pour l’avenir de notre filière nucléaire à l’heure où Areva est au tapis et Alstom aux Etats-Unis.