L’émir du Qatar cheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani, en 2010. | Anja Niedringhaus / AP

Le procureur national financier Eliane Houlette a annoncé, dimanche 29 mai, que son parquet réfléchissait à ouvrir une enquête sur les conditions d’attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, lors du « Grand Rendez-vous » Europe 1 – i-Télé – Le Monde. « Nous y réfléchissons, nous avons un certain nombre d’éléments qui nous incitent plutôt à enquêter », a-t-elle notamment déclaré.

Des enquêtes ont déjà été lancées par les justices suisse et américaine sur les soupçons de corruption à la Fédération internationale de football (FIFA), en lien avec l’attribution de Coupes du monde. Le parquet national financier (PNF) pourrait se saisir à son tour s’il s’estime compétent en cas de Français parmi les protagonistes ou d’actes commis en France.
Interrogée sur le rôle de l’ancien président de l’UEFA Michel Platini, Eliane Houlette a répondu que « si enquête il y a (…), probablement le rôle de M. Platini sera essentiel, mais l’enquête ne sera pas concentrée sur M. Platini ».

« Un arrangement diplomatique », selon Blatter

La désignation du richissime émirat gazier, le 2 décembre 2010, par les membres du comité exécutif de la FIFA, a été l’un des déclencheurs de la grave crise qui secoue l’instance. La victoire du Qatar, petit Etat du Golfe où les températures caniculaires en été rendent la pratique du football difficile voire impossible, avait immédiatement déclenché des soupçons de corruption.

En octobre 2015, l’ancien président de la FIFA Sepp Blatter avait ajouté à la polémique en mettant en cause la France. Selon sa version, « un arrangement diplomatique » existait pour que les Mondiaux 2018 et 2022 aient lieu en Russie puis aux Etats-Unis, un plan qui aurait échoué à cause de « l’interférence gouvernementale de M. Sarkozy ». « Voilà encore un autre qui me prête beaucoup de pouvoir », avait ironisé M. Sarkozy.

France football avait aussi évoqué « une réunion secrète » au palais de l’Elysée le 23 novembre 2010, où participaient Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamim Bin Hamad Al-Thani, et Michel Platini. Son but supposé : s’assurer que Platini voterait pour l’émirat. Un « tissu de mensonges », s’était indigné l’ancien numéro 10 des Bleus.

A la demande de la justice suisse, le parquet national financier avait également mené une perquisition en mars dans les locaux de la Fédération française de football (FFF) à Paris, dans le cadre de l’enquête menée en Suisse sur le paiement suspect en 2011 de 1,8 million d’euros de Joseph Blatter à Michel Platini, qui vaut aux deux hommes d’être suspendus de toute activité liée au football. « Nous avons eu connaissance d’un certain nombre d’éléments et il n’est pas impossible qu’on enquête nous aussi sur ces faits », a déclaré Eliane Houlette.