Rassemblements à Nantes, déversement de fumier à Limoges, réveil du préfet en Vendée, contrôles de l’origine des produits dans un établissement d’une chaîne de restauration à Rennes : les agriculteurs, touchés par la crise, ont relancé leur mobilisation mardi 7 juin, à l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), afin d’attirer l’attention sur leurs difficultés.

La politique agricole commune (PAC) 2015, tout comme les aides MAE (mesures agroenvironnementales) de 2015 n’ont toujours pas été intégralement versées, le prix du lait s’effondre, le fonds porcin censé aider les producteurs en leur reversant une partie du prix, prélevé à la vente, n’a jamais été mis en place.

Ils dénoncent aussi le retard dans la mise en place de l’étiquetage de l’origine des viandes dans les produits transformés, une pratique expérimentale autorisée par l’Union européenne pour une durée d’un an. « Le décret n’est toujours pas sorti, la balle est dans le camp du ministre. On a les outils pour mettre ça en place en France, le feu vert de l’Europe », a expliqué Loïc Guines, patron de la FDSEA d’Ille-et-Vilaine, lors d’une conférence de presse. De même, pour le partage de la valeur ajoutée, les agriculteurs estiment être « le parent pauvre des filières », selon la FDSEA du Morbihan.

« Pour nous, l’Euro, c’est tous les jours »

Les actions ont commencé dès lundi, à Pau (Pyrénées-Atlantiques), où dans la soirée quelques dizaines d’agriculteurs ont muré l’entrée de la direction départementale des territoires et de la mer dont ils ont aussi bloqué les serrures avec de la colle forte. « L’Etat droit dans le mur », ont-ils inscrit à la peinture sur une bâche plastique.

A La Roche-sur-Yon, une centaine d’agriculteurs ont participé au « réveil du préfet », de 6 heures à 8 heures, et lancé des ballons de football par-dessus la grille de la préfecture. A trois jours de l’Euro, les ballons portaient des messages, dont « détresse ». « Pour nous, l’Euro, c’est tous les jours. On vit quotidiennement les contraintes environnementales et réglementaires, et ce système très libéral dont on voit les limites », a expliqué Brice Guyau, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA 85).

A Nantes, une vingtaine de responsables des FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire se sont rassemblés en fin de matinée mardi devant l’Agence de services et de paiement (ASP) pour « dénoncer la gestion de la PAC 2015 », et le retard du paiement des aides, a expliqué sur place Jean-Marc Lézé, président de la FDSEA 49. « Les agriculteurs ont vraiment besoin de ces sommes pour leur trésorerie. Aujourd’hui, c’est une période de gros travaux. Toutes les factures arrivent et les problèmes de trésorerie ne permettent pas de les payer », a renchéri Alain Bernier, son homologue de Loire-Atlantique.

A Limoges, une quarantaine d’agriculteurs ont déployé une banderole sur les grilles de la préfecture de Haute-Vienne : « Laissez nous travailler ! » et ont déversé du fumier devant la préfecture avant de prendre la direction de l’hôtel de région.