Donald Trump se justifie dans une vidéo intitulée « La vérité sur l’Université Trump » | Capture d'écran https://www.youtube.com/watch?v=QqfsbQGPLAE

« Vous voulez le secret pour vous faire de l’argent ? », « Le temps est venu de faire des affaires incroyables sur le vrai marché ! » : telles étaient les promesses de l’université Trump, qui, entre 2005 et 2010, prétendait enseigner les secrets du millionnaire en matière de transactions immobilières.

Mais n’est pas Donald Trump qui veut. Loin d’avoir fait ériger des tours géantes à leurs noms, une partie des 10 000 anciens étudiants de l’établissement crient à l’arnaque, demandant le remboursement de leurs frais de scolarité, qui s’élèvent jusqu’à 35 000 dollars (31 000 euros) par tête. Ce qui vaut au magnat de l’immobilier d’être poursuivi en justice dans quatre Etats, alors qu’il est en passe d’obtenir l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de novembre.

Vintage advert promotes now defunct Trump University
Durée : 06:49

Alors que Donald Trump faisait miroiter à ses futurs étudiants d’alléchantes « visites surprises », « la plupart des étudiants n’ont jamais vu Trump de près ou de loin », rapportait la chaîne de télévision américaine CNN en septembre 2015. Les plus chanceux ont pu s’offrir une photographie épaule contre épaule avec… une photo géante à l’effigie de « Donald ».

Quant aux « experts » annoncés pour enseigner, peu d’entre eux étaient en réalité spécialistes du domaine, explique le journal britannique The Telegraph. Et les séminaires de trois jours, coûtant la bagatelle de 1 495 dollars (1 319 euros), n’étaient que des appâts pour convaincre les étudiants de s’inscrire dans des programmes plus onéreux encore.

De plus, l’université Trump n’a jamais eu de localisation définie, les cours ayant eu lieu dans la Trump Tower ou dans des salles louées pour l’occasion.

Faux témoignages

Sommé de répliquer sur cette affaire des plus embarrassantes alors qu’il brigue la Maison Blanche, Donald Trump a publié, début mars, une vidéo intitulée « La vérité sur l’université Trump ». Sous fond de violons déchaînés, il dément toute fraude et montre des témoignages écrits d’étudiants ayant trouvé les cours « excellents » et « merveilleux ».

« Recommanderiez-vous les cours de l’Université Trump à un ami ? » Face à la polémique, Donald Trump tente de réhabiliter son Université dans une vidéo.

Une défense battue en brèche pas d’anciens étudiants qui ont indiqué avoir subi des pressions au moment de remplir les questionnaires de satisfaction. L’anonymat des réponses n’aurait pas été respecté et ils se seraient vus signifier qu’un avis positif était indispensable pour obtenir son diplôme. « C’est une escroquerie. Le rôle de ces évaluations était de se défendre contre des actions en justice », a expliqué l’un d’eux au New York Times.

Cent cinquante poursuites depuis 1980

« Vous vous intéressez tellement aux gens endettés par leurs études que vous avez gagné des millions à arnaquer des étudiants. » A l’instar de ce tweet de la pugnace sénatrice démocrate du Massachusetts Elizabeth Warren, l’opposition démocrate comme républicaine a largement relayé l’affaire par le biais de tweets ou de vidéos chocs.

Donald Trump est un habitué des tribunaux, ayant été poursuivi en son nom propre au moins cent cinquante fois depuis le début des années 1980, rappelle Fortune. Mardi 17 mai, ses avocats ont obtenu que l’affaire soit examinée par la cour d’appel de l’Etat de New York, reportant ainsi le procès après l’élection présidentielle de novembre. « Ce n’est pas une surprise que Donald Trump utilise le moindre recours juridique pour éviter de comparaître pour profits frauduleux sur son université », a déclaré dans un communiqué le procureur général de l’Etat de New York, Eric Schneiderman. Le démocrate s’est emparé de l’affaire et requiert 40 millions de dollars (35,6 millions d’euros) de dédommagement pour quelque 5 000 plaignants réunis en « class action ».

Donald Trump devrait également comparaître comme témoin à San Diego le 28 novembre. Son avocat, Daniel Petrocelli, a demandé à ce que le procès soit repoussé après l’investiture de Trump en cas de victoire à la présidence. « Ce procès ne doit pas devenir un instrument politique », précise-t-il. Mais ses adversaires espèrent bien que cette affaire permettra d’attribuer une note éliminatoire à l’élève Trump, trublion de la primaire républicaine, finalement parvenu à éliminer tous ses concurrents.